01 décembre 2005

Départ difficile

Vendredi, 1er décembre 2005. Pleins d’excitation, nous avions prévu mettre tous nos objets personnels et nos meubles dans un entrepôt à Magog, car c’était tout près d’une partie de la famille qui allait pouvoir fouiller dans nos objets au besoin. Étant donné qu’à l’époque Philippe, mon conjoint, n’avait pas 25 ans, il ne pouvait conduire le camion de déménagement que nous avions loué. Heureusement, j’avais l’âge magique et je pouvais prendre cette responsabilité.

Le vendredi soir, cinq amis sont venus nous aider à remplir le camion. Nous avions pris soin de placer les meubles dans un ordre inversé pour pouvoir entrer les plus gros morceaux dans l’entrepôt en premier. Vers 21 h, tout était prêt, le camion était plein et nous nous sommes quittés. Le trajet vers Magog pouvait commencer. C’était sans savoir que deux kilomètres plus loin, le pneu avant droit allait exploser. Nous étions légèrement paniqués à cause de la fumée et la perte de contrôle du véhicule. Par chance, nous n’étions pas encore sur l’autoroute et nous avons réussi à nous ranger sur le bord de la route.

Nous avons trouvé une cabine téléphonique pour contacter la compagnie. Le centre de traitement des urgences est à Salt Lake City, mais on nous a envoyé un représentant de la CAA pour évaluer la situation. Ses conclusions :

1. Le pneu avant droit a bel et bien explosé, mais l’inclinaison du camion lui laisse croire qu’il y a également un problème mécanique avec le pneu avant gauche.

2. Il est impossible pour lui de nous remorquer, car le camion chargé est trop lourd.

Nous contactons donc une deuxième fois le centre des urgences pour qu’une remorqueuse spécialisée dans les poids lourds vienne nous dépanner. Malheureusement, pour lui permettre d’installer ses câbles, il a fallu retirer le cadenas qui barrait la porte du camion. Tous nos biens se trouvaient à la merci de n’importe qui.

Nous avons donc vu notre camion partir sans nous vers Dorval, centre névralgique de la compagnie. Il était près de minuit, il faisait moins dix degrés, nous n’avions plus rien, sinon un appartement vide. Nous sommes revenus à pied à la maison, dans l’inquiétude. Il était tard lorsque nous nous sommes couchés enfin et le réveille-matin a sonné à 5 h pour nous permettre de contacter la compagnie dès l’ouverture.

Samedi matin, 6 h, nous sommes déjà là pour savoir quoi faire. Le commis tente bien d’être gentil, mais la situation est difficile. Normalement, nous avions loué le camion pour une journée seulement. Évidemment, maintenant que l’utilisation s’est révélée impossible, il est peut-être possible de nous accorder une journée de plus, avec un nouveau camion.

Le hic : il faudra vider le camion de la veille et remplir un nouveau camion. À deux. Personne ne peut venir nous aider, ni nos amis qui sont partis hier, ni les gens de la compagnie, qui ne savent pas quoi faire de nous. Nous avons protesté, ragé, pleuré, mais il n’y avait rien à faire.

Nous avons donc fait le trajet jusqu’à Dorval, retrouvé le mastodonte au pneu toujours crevé et nous nous sommes transformés en super héros. « Valérie-les-gros-bras » et « Philippe-homme-de-fer » se sont attaqués au camion et ont transféré, lentement mais sûrement, le contenu de tout un appartement dans un autre camion. Ce qui avait été placé si stratégiquement près de la porte du camion se retrouvait maintenant tout au fond. Un problème à la fois, dit-on.

Après trois heures de dur labeur, nous quittons enfin pour Magog. Nous nous sommes accordés une soirée de repos car nos bras et nos jambes étaient tout courbaturés.

Le lendemain matin, très tôt, nous étions à l’entrepôt. Évidemment, les gros morceaux (laveuse, sécheuse, four, divan) se trouvaient maintenant au fond du camion, derrière toutes les boîtes. Nous avons donc placé tout le contenu du camion dans les corridors de l’entrepôt pour retrouver ces monstres. C’était loin de faire plaisir au surveillant qui est venu nous demander ce que l’on tentait de faire et nous avertir qu’on avait un temps limite pour utiliser l’entrepôt : quatre heures. Lorsque nous sommes enfin arrivés au fond du camion, trois heures s’étaient déjà écoulées.

Nous n’avons pas envoyé paître le surveillant, parce que nous sommes des gens polis, malgré la fatigue, les bras qui tremblent et le dos douloureux. Mais on s’est bien dit qu’il pouvait aller où on pensait parce qu’on allait prendre le temps de bien faire les choses.

Ça nous a pris deux heures de plus pour mettre le tout dans un entrepôt minuscule. Nous l’avions pris un peu trop petit, alors il a fallu tout empiler en hauteur, ce qui n’a pas facilité les choses. Un vrai jeu de Tétris grandeur nature! Mais la satisfaction a été grande lorsque nous avons enfin réussi à fermer la porte.

Un jeu dangereux, il faut le dire. Nous n’avions que le corps douloureux et épuisé, mais nous aurions facilement pu nous blesser. Nous n’étions que deux pour autant de choses à transporter. Ça nous a convaincus de ne plus jamais louer de camion. Vive les déménageurs!

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