11 décembre 2006

Le retour du Japon

Dimanche, 10 décembre 2006. Il est tôt, il fait soleil lorsque nous fermons la porte de notre petit appartement pour une dernière fois. De notre balcon, on peut voir un arc-en-ciel au-dessus des montagnes d’Arashiyama. On le prend comme un bon présage.

On commence le transport des valises jusqu’à la gare. Nous avons le maximum avec nous : deux grosses valises chacun, une petite valise pour l’avion et un « sac à mains » (ordinateur et grand sac). On a passé la nuit à les peser pour les faire correspondre au poids maximal de la compagnie qui nous transporte.

Évidemment, nous n’avons pas assez de mains pour transporter tout cela. Il faudra faire deux voyages. Je fais le premier avec Philippe puis il va chercher le reste. J’en profite pour transporter les grosses valises de 23 kilos dans les escaliers, vers la voie d’embarquement. Les gens sont gentils : plusieurs personnes nous aident et je n’ai qu’un seul voyage à faire.

Lorsque Philippe arrive enfin, le train est sur le point de s’arrêter. L’employé de la gare l’accompagne avec une valise et voilà, nous sommes bel et bien embarqués dans le bon train.

Direction : gare de Kyoto, pour un transfert. De là, une dame nous aide à rouler nos valises jusqu’à l’autre voie d’embarquement, pas très loin. C’est le dernier train : un express entre Kyoto et l’aéroport d’Osaka où nous prendrons notre avion. Dire que dès « ce soir » (grâce au décalage horaire) nous serons chez nous!

On présente nos billets électroniques, notre numéro de confirmation obtenu voilà deux jours et nos valises à la porte d’embarquement. En pesant le tout, le commis nous informe que chaque valise fait 23,4 kilos (sa balance est plus précise que la nôtre) et qu’il faut enlever du poids. On ouvre les valises, jette certains objets dans la poubelle et on retourne à l’embarquement. Mais il y a un problème avec nos billets.

Je dois expliquer ici le contexte particulier de notre voyage. Nous sommes partis en décembre 2005 avec des points primes offerts par les parents de Philippe. Nous avions des billets aller-retour avec Air France pour la Nouvelle-Calédonie. Après un mois de vacances là-bas, nous sommes revenus jusqu’au Japon où nous avons prolongé « l’escale » de onze mois.

Jusque là, tout va bien. Le hic, c’est que la compagnie affiliée à Air France avec laquelle nous devions revenir n’avait pas reçu la confirmation que les points prime avaient bien été retiré du compte de mon beau-père.

Nous sommes dimanche. Ils ne peuvent pas téléphoner en France pour s’informer car tout est fermé, bien sûr. Après maintes discussions, tentatives d’explication et quelques pleurs, le pire arrive : l’avion part sans nous. Et il faudra attendre au lendemain pour avoir une solution. Peut-être…

C’est là, à l’aéroport du Kansai, que la réalité m’a frappée pour la première fois : j’étais vraiment très loin de chez moi. La conscience d’être à l’autre bout du monde ne m’avait jamais vraiment atteinte. J’avais Internet, le téléphone, un appartement, Philippe… Mais prise avec mes seules valises, sans autre choix que de dormir sur les bancs d’un aéroport, l’éloignement m’a sauté aux yeux. Aucune débrouillardise ne pouvait m’aider puisque il m’était impossible de retourner chez moi à pieds, en train ou en autobus.

Évidemment, conséquence normale de cette prise de conscience : je me mets à pleurer comme un bébé. Je me souviens vaguement des regards pleins de pitié des Japonaises qui me regardaient marcher dans les couloirs de l’aéroport comme une condamnée. Lorsque j’ai annoncé à mes parents que je ne rentrerais pas tout de suite et que je ne savais pas quand je serais de retour, je m’accrochais au téléphone comme une désespérée.

Heureusement, il y avait Philippe. Mon conjoint est un homme calme et je me suis lentement moi aussi calmée. On s’est trouvé un petit coin isolé avec une prise électrique, à laquelle on a branché notre ordinateur. J’avais quelques dessins animés qu’on a écoutés ensemble. Il nous restait quelques yens et on allait parfois flâner dans l’aéroport, même si on n’avait pas très faim.

On a fini par trouver une connexion WIFI qu’on a utilisée pour communiquer avec les amis. J’ai travaillé mon site web et j’y ai ajouté plusieurs fonds d’écran. On avait du temps à profusion. Nous avons passé la nuit à faire le guet à tour de rôle. Nos valises étaient tout ce qui nous restait : nous y tenions!

Le lendemain matin, nous avons téléphoné à Air France dès 9 h. Mais la compagnie aérienne ne pouvait rien faire par téléphone, il fallait rencontrer la responsable de l’aéroport.

Après plusieurs dizaines de minutes d’attente, nous avons enfin croisé brièvement la dame d’Air France. Elle était très occupée, mais nous lui avons expliqué notre cas, au milieu de la file d’embarquement. Elle nous a répondu que le problème, selon elle, c’est qu’on ait voulu voyager avec une compagnie affiliée. Comme nous sommes arrivés avec un avion identifié Air France, il fallait repartir avec la même compagnie. « Oui, oui, oui, mais partons-nous bientôt? », nous sommes-nous empressés de répondre.

L’avion du jour était plein, même en classe affaires. Voyager avec Air France au mois de décembre n’est pas la bonne période pour avoir des problèmes. Mais la dame nous a préparé les billets pour le lendemain.

Soulagement et déception. Une autre nuit à dormir sur les bancs. Nous savions également que l’avion Osaka-Paris arrivait trop tard pour prendre la correspondance pour Montréal. Nous allions devoir passer une nuit à Paris. Nous avons réservé tout de suite un hôtel par Internet. Et nous sommes retournés nous installer dans notre coin préféré.

Toutes les nuits, les agents de sécurité de l’aéroport passaient prendre les numéros de nos passeports et nous demander des explications. Mais ils restaient très gentils. Ils devaient bien voir qu’on ne faisait pas grand mal.

Mardi 12 décembre 2006. Nous embarquons enfin dans l’avion. Lorsque j’ai vu le sol du Japon s’éloigner sous mes pieds, les soucis de ces deux jours saturés d’inquiétude et de tristesse se sont envolés. Ce vol a sans aucun doute été le plus agréable de notre vie, avec des agents de bord absolument charmants.

L’hôtel que nous avions réservé à Paris était très abordable, ce qui signifie peut-être que le sourire était une option. Mais c’était très secondaire, puisque nous ne pensions qu’à dormir. Quatorze heures de sommeil nous ont beaucoup calmés.

Mercredi 13 décembre 2006. On arrivait enfin au Québec, avec plus d’une heure de retard. Nous ne savions pas si nos valises avaient fait le voyage avec nous puisqu’il y avait une grève à Paris et plusieurs bagages étaient restés au sol. Mais heureusement, le hasard avait terminé de nous taquiner. Nos valises étaient là et nos parents aussi.

Il faisait 8 degrés à Osaka lors de notre décollage, 8 degrés à Paris lors de notre sommeil et 8 degrés à Montréal lors de notre arrivée. Et il pleuvait légèrement partout. On ne peut pas dire que le choc de l’hiver fut très grand. Mais quel voyage!

09 décembre 2006

Retour au Québec

Demain, c’est le grand jour, on part en avion vers le Québec. Enfin! Nous sommes très heureux de revenir, mais nous sommes également déjà un peu nostalgique de quitter ce si bel endroit où nous avons habité. Ce voyage aura été, sans nul doute, très enrichissant, certainement pas du côté argent, mais du côté connaissances, expériences, découvertes et tant d’autres points! Cette valeur est inestimable.

Le bilan du voyage ne peut être fait maintenant, car nous avons besoin d’un peu de recul pour bien comprendre tout ce qui nous ait arrivé depuis un an. Je vous enverrai ça dès que ce sera prêt. :)

Aujourd’hui, nous avons fait les valises, nettoyé l’appartement et marché une dernière fois dans notre quartier. Nous étions chanceux, ce soir commençait le Hana-Touro, l’éclairage du pont et de la montagne. C’était superbe. Nous avons ensuite soupé dans un bon restaurant et nous voilà de retour à la maison pour terminer les dernières petites choses.

Merci à vous tous d’avoir suivi nos aventures au Japon. Vous avez été d’un grand support pour nous.

Réponses à vos questions

Voici les réponses aux questions que vous avez posées à Mme Morita. Si vous ne trouvez pas votre question dans la liste, c’est qu’elle ne le savait pas ou que nous n’avons pas eu assez de temps.

Pourquoi les Japonais s’inclinent?

C’est pour montrer son sentiment, c’est plus poli d’ajouter un geste à l’expression « Désolé », « Merci », « Bonjour », etc. C’est dans la tradition depuis très longtemps et les jeunes continuent de l’appliquer sans aucun problème. En Chine, on ne fait pas cette salutation. Entre amis, c’est également moins important (l’inclinaison est moindre).

Est-ce que les jeunes Japonais sont bien perçus?

Mme Morita a beaucoup ri en disant que c’était toujours comme ça dans tous les pays : tout le monde critique les jeunes! ;) Mais sinon, ils restent assez respectueux de la norme. La plupart des gens changent leur couleur de cheveux, mais cela est normal maintenant dans la société japonaise (à part les couleurs éclatantes comme rose ou vert, par exemple). Les gens qui s’écartent de la norme sont surtout des musiciens.

Elle m’a cependant souligné que les parents avaient tendance à surprotéger leurs enfants, ce qui causait des problèmes. Par exemple, les enseignants se font chicaner parce que certains élèves ne réussissent pas, ce qui n’est certainement pas la faute de l’enfant, d’après les parents…

Pourquoi les Japonais prennent autant de photos d’eux en voyage?

Pour se souvenir, parce qu’on ne reviendra probablement pas là, parce que les appareils photos japonais sont excellents! ;)

Pourquoi font-ils « peace » avec les doigts quand ils prennent une photo?

Parce qu’en faisant cette expression, on sourit automatiquement ou presque. Ça fait donc de bonnes photos. ;)

Pourquoi les Japonais ne rient pas à gorge déployée?

Parce la discrétion est une vertu au Japon. On n’est pas habitué à exprimer ses sentiments en public. Mais dans la vie familiale ou avec les amis, c’est possible.

Pourquoi n’y a-t-il pas de savons dans les toilettes publiques au Japon?

S’il a du savon, on l’utilise. Mais s’il n’y en a pas, on a le sentiment que le lavage des mains à l’eau est suffisant.

Comment les Japonais fêtent Noël?

C’est une fête importée de l’Occident, au contraire du Nouvel An, qui est la plus grande fête japonaise. L’atmosphère est très différente entre les deux fêtes. Noël est très joyeux, on sort dîner dans un restaurant. Il y a beaucoup de musiques partout, les amoureux échangent des cadeaux. Les femmes reçoivent surtout des bijoux (Tiffany par exemple). Le Nouvel An est une fête plus calme et sacrée, qu’on passe en famille à manger des choses particulières à ce début d’année. Les enfants reçoivent des enveloppes avec de l’argent.

Quelles sont les fêtes les plus populaires?

Ça dépend des régions, il y en a beaucoup. Trois grands festivals sont à souligner : le Gion matsuri à Kyoto, le Sanja matsuri à Tokyo et le Hakata dontaku à Fukuoka.

Comme fête, le Setsubun (3 février) est particulièrement apprécié. Les parents se déguisent en démon, les enfants leur lancent des haricots en criant : « Sors démon et que la joie entre! » Chaque région a ses traditions pour cette fête.

Pourquoi certains Japonais ont une fascination presque malsaine pour la jeune fille encore enfant?

Au Japon, on apprécie beaucoup les choses nouvelles! Non sans blague, le « kawaii » est une mode très forte au Japon. On aime beaucoup ce qui est petit et mignon. C’est un éloge. Alors, la jeune fille enfant en est la représentation pour certains Japonais. Les femmes adultes de plus de 40 ans se font appeler « grand-mère ». On dit que 25 ans est le tournant pour une femme : sa peau change de texture et se dégrade. C’est pourquoi les femmes veulent se marier avant. Beaucoup d’idoles adolescentes (qui chantent très mal) font carrière à cause de cette mode du « kawaii ». Cette tendance a débuté il y a environ trente ans.

Quels sont les repas les plus populaires?

Ça dépend des générations. Les enfants aiment beaucoup le riz au curry (les adultes aussi), le steak haché et le poulet frit. Les adultes aiment les sushi pour les occasions spéciales, le donburi (riz avec tempura) et les nouilles (soba, udon, ramen, etc.). Le sukiyaki et le yakiniku (un plat coréen piquant) sont aussi très populaires.

Est-ce que les Japonais croient aux légendes?

Avant la Seconde Guerre mondiale, peut-être. Mais maintenant, les enfants ne vivent plus avec leurs grands-parents, alors les légendes se transmettent moins bien.

Pourquoi les Japonais peuvent être ancrés dans leurs traditions et vivre avec les technologies en même temps?

C’est une question très difficile à répondre. Pour les Japonais, ces deux notions ne sont pas contradictoires. On peut faire cohabiter l’ancien avec le nouveau. Pas besoin de détruire l’ancien pour ça. Par exemple, l’aéroport du Kansai a été construit dans la mer pour éviter de détruire de grands espaces. Les Japonais sont attachés à leur passé, mais peuvent vivre dans le monde moderne.

Pourquoi existe-t-il un festival des films français au Japon?

Parce ces films sont différents de ceux d’Hollywood ou du Japon, donc ils suscitent la curiosité. Avant, les films italiens étaient les plus populaires, mais les films français gagnent de plus en plus de popularité.

Est-ce que beaucoup de Japonais font carrière pour être sumo?

Non, c’est plutôt rare. Pour devenir sumo, il faut s’astreindre à une discipline très stricte que peu de gens peuvent supporter. On se lève très tôt, on fait des exercices difficiles, puis on mange un gros repas, puis on se rendort pour bien absorber les protéines. C’est une vie très contrôlée. Et même avec cet entraînement, le succès n’est pas assuré.

Aujourd’hui, les champions sumo au Japon sont des Mongols ou des Russes. Les Japonais sont plus rares.

Est-ce que les enfants doivent performer à l’école?

Oui, c’est encore la réalité. Le Japon ne possède aucune ressource naturelle (pétrole, diamant, etc.). L’éducation est donc synonyme de richesse. On investit donc beaucoup en recherches informatiques et électroniques. Les enfants subissent beaucoup de pression pour réussir le mieux possible et avoir un bel avenir. L’école d’où l’on sort est primordiale pour l’emploi futur.

Quelles sont les choses dont les Japonais sont les plus fiers au niveau culture et économique?

Sans doute la nature, le changement des saisons et toutes les beautés qu’on y trouve. Ils sont très fiers également de leur assiduité au travail (parfois trop) et de l’harmonie en collectivité.

Quelles mœurs doit-on savoir lorsqu’on travaille dans une entreprise japonaise?

Il y en a beaucoup! C’est primordial de respecter l’harmonie du bureau, de toujours saluer, d’être gai. Il y a également beaucoup d’activités de groupe et il faut y assister, sinon il faudra se justifier avec une explication valide (décès par exemple).

Est-ce les employés travaillent la fin de semaine?

Non, la semaine de travail est officiellement de cinq jours. Mais beaucoup de gens se rendent encore au travail le samedi et même le dimanche, bénévolement.

Combien d’heures travaillent-ils par semaine?

Officiellement, le code du travail conseille du 9h à 5h. Mais les employés de banque, par exemple, rentrent très tôt, à 7h et ils finissent à 23h.

Pourquoi les Japonais s’assoient par terre au lieu d’utiliser des chaises?

Pour nous, cela est tout aussi confortable qu’une chaise, et moins embarrassant.

Pourquoi utilisent-ils des planchers en tatamis?

Maintenant, de plus en plus de maisons ne possèdent pas de pièce recouvert de tatamis. S’il y en a, c’est seulement une. Maintenant, on les fait parfois venir de Chine, car c’est moins cher (le tatami est fait à la main). Dans une auberge, les tatamis donnent un style très décontracté, propre à la détente. C’est aussi facile à nettoyer et on peut marcher sans faire de bruit.

Est-ce que le taux de suicide est toujours aussi élevé?

Malheureusement, c’est vrai que le taux de suicide est très élevé chez les jeunes japonais. Il est de plus en plus difficile de vivre dans une société tendue, frustrée, qui perd plus facilement son sang-froid. On n’a plus le temps de réfléchir profondément avant d’agir.

Pour un voyage d’une semaine, que conseillez-vous?

La région de Tôfoku (nord-est) est très belle. Il y a beaucoup de onsen (source d’eau chaude), la nature est merveilleuse (lacs, montagnes), il y a beaucoup de bons fruits. On dit qu’une des montagnes est envahie de démons, elle est couverte d’une forêt ravagée, mystérieuse. On raconte que des phénomènes étranges s’y déroulent. C’est une région à voir.

Voilà, ce sont les réponses de Mme Morita. Merci beaucoup pour toutes vos questions très intéressantes! :)

06 décembre 2006

Arashiyama, Kyoto, Japon

Aujourd’hui, nous ne sommes pas allés bien loin, nous avons profité du soleil matinal pour photographier notre Arashiyama aux couleurs d’automne. C’était très beau. J’ai remarqué qu’à neuf heures, il n’y a pas beaucoup de monde qui se promène dans le coin. Hier, au Hôryû-ji, nous sommes arrivés à 10h et il n’y avait presque personne non plus. Bien sûr, ça se remplit très vite ensuite, mais je trouve tout de même ça surprenant. À 9h, sur la place Saint-Marc à Venise, il y a foule, n’est-ce pas? À Kyoto, à 9h (ce n’est pas si tôt quand même), on peut visiter les temples en toute sérénité.

Ce qui est bizarre, c’est qu’on pourrait penser que si la journée de visite commence plus tard, elle se termine sûrement plus tard aussi. Les boutiques ferment tôt (5h ou 6h) et les restaurants n’ouvrent pas très tard non plus. Hier, à Asuka, on a même refusé de nous louer des bicyclettes à 3h de l’après-midi! Par chance qu’on commence nos journées un peu plus tôt ces temps-ci. :)

Après avoir posé notre regard admiratif sur le Togetsu-kyô (le pont qui traverse la lune), nous sommes allés au Tenryû-ji (Temple du dragon céleste). J’ai toujours été fière que mon adresse s’écrive comme ainsi : Kyoto, partie ouest, temple du dragon céleste (traduction). C’est un temple tout près de la maison, on y a souvent marché. Mais nous voulions entrer pour voir le dragon. Malheureusement, il se repose à ce moment-ci de l’année. ;) Mais la nature était superbe et nous avons tout de même pu voir un autre dragon. Et un vrai héron qui traversait placidement un petit pont.

J’avais mes derniers cours après cette visite, nous profiterons donc de l’après-midi pour commencer les valises. En revenant à la maison, j'ai rencontré deux jeunes filles habillées en maiko. Belle journée. :)

21 novembre 2006

La métamorphose lugubre du ginkgo

Lorsque nous sommes arrivés à Kyoto en janvier, nous avons pu constater que ce n’était pas la meilleure saison pour visiter la cité. La température se situait près du point de congélation, il bruinait, tout était gris. Les arbres étaient comme en novembre au Québec : sombres et menaçants. Lorsqu’on m’a dit que les arbres qui bordaient la rivière Kamogawa étaient de fameux sakura, reconnus pour leur beauté, je dois avouer que j’ai eu un doute.

Le spectacle de l’hiver à Kyoto n’est pas toujours réjouissant. La majorité des arbres dans la ville sont des feuillus, alors il est triste de voir la majorité d’entre eux tout nus, à part les bambous qui conservent leurs feuilles. Mais les pires à voir n’étaient pas les noirs cerisiers qui longeaient la rivière, mais les arbres qui bordaient les rues. Je ne savais pas encore leur nom, mais ils me faisaient un peu peur. C’étaient des arbres très hauts, aux branches courtes, avec un air lugubre. Les jours de pluie, on se serait cru dans un film de Tim Burton, du genre « Sleepy Hollow ».

J’ai été surprise quand j’ai appris que ces arbres tristes étaient des ginkgos bilobas. Alors, c’était ça, l’arbre légendaire? Lire l'article de Wikipédia. Celui qui existe depuis 300 millions d’années, qui a vu les dinosaures, qui peut vivre 2500 ans et qui guérit nombre de maladies?

À la vue de mon visage stupéfait et déçu, mon interlocuteur japonais s’empressa de me dire que tous les ans, on devait tailler les itchoo (comme on les appelle au Japon), car ils poussent extrêmement vite en été.

Comme j’ai arpenté la rue Marutamachi de long en large toute l’année, j’ai surveillé attentivement les ginkgos. Eh bien, il avait raison. En juin, en moins d’une semaine, de petites branches ont poussé de partout et les feuilles du ginkgo sont apparues. Je dois dire que cela transformait avantageusement mon paysage quoditien.

Il y avait tellement de feuilles qui poussaient que l’arbre est devenu quasiment touffu. Les feuilles elles-mêmes sont superbes, car elles ont la forme d’un éventail. Quel bel arbre!

En octobre, le fruit puant des arbres femelles (d’après mon pif, ça ressemble assez à l’odeur du vomi) est excellent. Il faut prendre le temps d’enlever la coquille puante, car à l’intérieur se cache une petite noix tendre sans odeur qu’on fait cuire au four micro-ondes, comme du popcorn. On trempe la noix chaude dans une pincée de sel, et voilà une autre découverte délicieuse, mais réservée aux adultes car elle peut être toxique pour les enfants. Évidemment, la ville de Kyoto ne devient pas malodorante chaque automne puisqu’on prend bien soin de planter des ginkgos mâles au bord des rues.

Je n’étais pas au bout de mes surprises. Non seulement le ginkgo résiste-t-il à la pollution (ce qui explique pourquoi il borde les rues), mais il devient en automne d’un jaune doré absolument magnifique.

Malheureusement, l’histoire triste commence justement en plein automne. Les gens de la voirie s’attellent à la tâche de couper toutes les branches des ginkgos des rues de Kyoto. C’est terrible. Un désastre. On massacre la beauté naissante. Est-ce qu’on coupe les fleurs d’un sakura avant leur éclosion? Après de longues recherches pour comprendre le sens de cette pratique, j’ai fini par obtenir une réponse. Les feuilles tombées des ginkgos encombrent les rues et les terrains des maisons. Au Japon, on est responsable des feuilles de notre arbre qui tombent dans la cour du voisin. Ainsi pour éviter ce genre de « pollution », on préfère couper les feuilles avant qu’elles ne tombent.

D’ailleurs, j’ai pu constater qu’on faisait la même chose avec d’autres arbres. Nous avons vu une femme d’entretien enlever systématiquement les pétales des roses sauvages pour éviter qu’elles ne tombent dans le sentier du temple. C’est ainsi qu’on réalise que les perceptions peuvent être très différentes à l’autre bout du monde.

15 novembre 2006

Le retour approche

Comment allez-vous? Nous, nous allons très bien. Le retour se compte maintenant en jours et cela nous rend très heureux. En plus, l’automne est vraiment beau ici et les feuilles sont très colorées. Le vent est frais, nous avons commencé à chauffer l’appartement depuis quelques jours.

Nous avons aussi commencé à vendre les choses : piano, télé, vélo, chaises, lampe, tiroirs, etc. Graduellement, l’appartement s’agrandit.

J’ai déjà donné, à certains étudiants, leur dernier cours. Chaque semaine, je dois dire au revoir à d’autres étudiants. Certains enfants savent qu’ils ne restent que deux cours et ils ont déjà des larmes dans les yeux. C’est émouvant. J’ai préparé des petits albums avec les photos de tous nos cours. Je vais leur offrir lors de la dernière leçon.

Je dois dire que j’ai été chanceuse. J’ai eu environ une vingtaine d’étudiants, la majorité étant des adultes. Tous mes étudiants enfants étaient toujours calmes et mignons. Je n’ai pas vraiment eu à faire de la discipline (ouf!). En plus, j’ai enseigné le français à la moitié de mes étudiants, ce qui était inespéré à Kyoto.

Avec les étudiants adultes, on apprend beaucoup, c’est génial. Ils nous parlent du Japon, de leur famille, de leur vie. J’ai aussi beaucoup parlé de mon Québec, de ma culture. C’est certainement avec ces personnes qu’on échange le plus. C’est donc une bonne chose de leur enseigner.

Par contre, ce n’est pas ainsi qu’on apprend le japonais. Je dois dire qu’être professeur au Japon ne permet absolument pas d’apprendre le japonais. Oui, on apprend quelques mots par-ci, par-là, mais les étudiants souhaitent entendre la langue qu’ils étudient. Il faut donc parler l’anglais ou le français (quoique avec les étudiants débutants en français, je parlais en japonais pour les explications).

Pour apprendre le japonais, il faut donc avoir la volonté de s’y mettre et d’y travailler. Ce n’est pas une langue facile. À partir du mois d’avril, je me suis donc payée une professeure privée, car les cours gratuits du Centre de Kyoto étaient un peu difficiles. Avec Tae-chan, j’ai vraiment beaucoup appris. Pas seulement le japonais. C’est grâce à elle qu’on a découvert le bunraku, l’ikebana, la pension au Mont Fuji, le noh, le quartier chinois de Yokohama, les meilleurs okashi (pâtisseries) de Kyoto et d’autres, et d’autres! :)

Quand je lui ai appris que je m’étais inscrite à un examen de japonais pour le mois de décembre, elle a décidé de me lancer dans le grand programme : devoirs, devoirs et devoirs. J’ai donc terminé les deux gros livres Minna no Nihongo en trois mois! Je vous dis que j’ai travaillé fort! ;) Mais j’espère que je pourrai passer l’examen, car je sais qu’il est difficile. :)

Voilà mes petites pensées d’aujourd’hui. :)

Ah! Hier, Philippe et moi avons envoyé notre démo à des compagnies de disques québécoises. On espère fort fort avoir des réponses! :) Mais sinon, on ne se découragera pas et on fera comme à Kyoto : on se forgera un petit public graduellement. :)

11 octobre 2006

Les sons au Japon

Le monde merveilleux des sons du Japon est tellement présent et particulier que je vais me faire un plaisir de vous en donner un aperçu.

Les transports en commun
Toutes les entrées extérieures de train ou de métro émettent deux petites notes étranges, à intervalles réguliers. Je me demande bien à quoi cela peut servir. La meilleure théorie reste pour l’instant est que ces escaliers sont ainsi soulignés aux aveugles. Mais y a-t-il tant d’aveugles au Japon? Je n’en ai pas encore vu un.

Dans certains métros, chaque direction souligne l’arrivée du prochain train par une musique discrète. Une dame vous explique automatiquement ce qui se passe. L’employé du guichet peut également expliquer comment procéder dans son micro et entrer en conflit avec le message automatique. On ne comprend plus rien finalement. Trop de bonnes intentions, c’est comme pas assez.

Les intersections
Chaque feu de circulation possède des indications pour les piétons: un petit bonhomme vert qui s’allume et un oiseau. Le gentil moineau pépie quand on traverse nord-sud et il y a une petite musique pour la direction est-ouest. Quand on arrive près du haut-parleur, ça peut percer les oreilles. Mais sinon, c’est bien utile, on n’a même pas besoin de regarder. Sauf si on est comme moi qui ai cherché (la première fois!) où était l’oiseau qui n’arrêtait pas de crier...

Pour les intersections du centre-ville, c’est différent. Parce que l’on peut également traverser en diagonale (tous les feux sont rouges). Alors, on a droit à une musique complète très caractéristique et qui nous reste longtemps dans la tête.

Le pachinko
Ce jeu est le casino des Japonais. Vous entrez là-dedans et c’est la pire des cacophonies que je n’ai jamais entendues. Toutes les machines crient, ça clignote, les employés gueulent, etc. On est sorti à toute vitesse avant de devenir fou!

Les petits camions
Au début, je ne comprenais pas pourquoi certains camions se promenaient lentement dans la rue à 8h le matin avec la musique et le haut-parleur en criant quelque chose! Maintenant, je sais qu’ils sont là pour la récupération du papier, des appareils électriques, etc. C’est supposé être plus facile, mais ils nous réveillent souvent le dimanche matin! En plus, ils passent plusieurs fois dans la rue.

Les moines
Ce matin, une nouveauté : à 7h30, un groupe de moine bouddhiste sont passés en méditant des « hum, hum ». Excusez-moi, je n’ai pas pris de photos, j’étais bien au chaud dans mon lit et j’essayais de me rendormir avant que le cadran sonne. Mais rien à faire : les moines sont repassés plusieurs fois près de ma fenêtre pour être sûrs que je ne dorme pas trop longtemps!

23 septembre 2006

Concours de photo de La Presse

"Sous la pluie de pétales des cerisiers de Kyoto, toutes les rues se transforment en jardin."

On a reçu une très bonne nouvelle: Philippe a gagné le concours de photo du journal La Presse avec cette belle photo de sakura, prise en avril. C'était dans le quartier de Fushimi-ku, le sud de Kyoto, près de Fujinomori. Il travaillait alors dans son école d'anglais, il est sorti cinq minutes pour prendre la photo et voilà! Je l'ai trouvé si belle que je l'ai envoyé au concours.

On a gagné un superbe appareil-photo 35 mm numérique Fuji! Nous sommes hyper contents, nous ferons sûrement de très belles photos avec ça. Merci à La Presse!

17 septembre 2006

Concert au Hyatt Regency, Kyoto, Japon

Merci à tout le monde pour tous vos encouragements! Vos bonnes pensées étaient sûrement avec nous puisque le concert s’est très très bien passé.

Notre audience était entièrement japonaise. Vous me direz, c’est normal, vous êtes au Japon, mais pour moi, c’était excellent et j’espérais que le programme musical arrangé pour eux les rejoindrait.

Nous avons chanté plusieurs chansons en japonais (nos compositions et d’autres), des chansons en anglais connues (The Beatles, Amazing Grace) et en français (Hymne à l’amour, nos compositions). Il y avait 21 chansons au programme, le tiers pour chacune des langues.

Nous avions arrangé le programme pour avoir des chansons un peu plus amusantes et théâtrales à la fin de la 1re partie (Nuits d’Arabie de Disney, Vue sur Kyoto, Stand by me), car les gens sont dans l’ambiance à ce moment-là.

La salle était pleine. Nous avions vendu 19 billets, mais 14 de plus se sont ajoutés le soir même du spectacle! Il y avait donc beaucoup de gens qui n’étaient pas supposés venir, et ça nous a fait très plaisir de les voir! Étudiants, patrons, amis, professeurs, nous étions vraiment touchés que tous ces gens soient autour de nous. Après huit mois au Japon, nous commençons à bien les connaître, alors ça faisait chaud au coeur.

La deuxième partie était plus passionnée et les chansons étaient plus fortes (la voix est bien échauffée, les doigts de Philippe aussi). Les gens étaient réceptifs et souriants. À la fin, ils ont demandé un rappel, c’est la première fois qu’on nous faisait un « Encore! », c’est marquant! On a interprété « Le tour de l’Ile » de Félix Leclerc. Pour plusieurs, ça été leur chanson préférée et certains m’ont demandé la traduction. :)

Nous avons reçu sept superbes bouquets de fleurs et une boîte de chocolats! Notre petit appartement est tout fleuri et rempli de couleurs, j’adore ça. :) C’était très mignon de voir les enfants venir nous donner les bouquets. Une de mes étudiantes est allée porter un bouquet à Philippe, elle l’a regardé attentivement une bonne dizaine de secondes. C’était la première fois qu’elle le voyait, mais pas qu’elle en entendait parler! :)

Nous avions préparé des CD avec nos nouvelles chansons. Nous les avons tous vendus! Ça aussi, c’est une première, mais les gens aiment bien repartir avec un souvenir. Ça nous a touché.

Vraiment une belle soirée. Olivier, qui nous très gentiment permis d’utiliser cette merveilleuse salle du Hyatt Regency, a gâté tous les invités : vins, jus et grignotines pour tout le monde. Il nous a aussi invité au restaurant italien de l’hôtel après le spectacle. Nous étions euphoriques, Philippe et moi! :) Tant de bons sentiments en même temps!

Nous sommes revenus tard à la maison, j’ai préparé des pots pour tous les bouquets, j’ai pris des photos de chacun aussi. Nous étions fatigués, ma journée avait commencé tôt, car j’avais eu des cours toute la journée avant le spectacle.

13 septembre 2006

Nouvelles chansons

Depuis notre arrivée à Kyoto, Philippe et moi avons enregistré trois nouvelles chansons: C'est pas mon soir, Vue sur Kyoto et Watashi wa hitori.

Aujourd'hui, j'ai pris le temps de travailler sur notre site web pour vous permettre d'écouter les extraits de ces chansons. J'espère que vous vous amuserez!

http://www.yume.qc.ca

Samedi prochain, nous ferons notre concert à l'hôtel Hyatt Regency, j'ai sorti mes grandes robes, je fais des pratiques tous les jours, j'espère que tout se passera bien! :)

12 juillet 2006

La présence de l'anglais et du français au Japon

Les nuits sont chaudes à Kyoto. Très chaudes! Il n’y a plus de fraîcheur qui entre par la fenêtre. Il n’y a que l’humidité. En fin d’après-midi, il y a des dizaines de libellules qui volent derrière la maison. C’est presque effrayant.

Dans cette chronique, je voulais vous parler un peu de la présence d’autres langues au Japon. Probablement que je pourrais faire un très long texte sur le sujet (une maîtrise peut-être!), mais je vais me contenter de vous en tracer le portrait.

D’abord et avant toute chose: l’anglais. Évidemment, on trouve des traces d’anglais partout. C’est une mode très populaire. Sur la photo, le restaurant «Vent du sud» a été traduit en anglais par «Sauthen Wind». Autre exemple: vous voulez acheter un papier d’emballage pour un cadeau, vous aurez de la difficulté à en trouver un sans texte anglais de souhait d’anniversaire.

Vous cherchez un sac pour porter vos effets, eh bien, il y sera probablement écrit: «Today is sunny day full in happiness and joy».

Remarquez que j’ai inséré quelques erreurs d’anglais dans le texte, car cela est également une malheureuse caractéristique de cette mode: les petites notes anglaises sont plus ou moins correctes. T-shirt, aliments, restaurants, coiffeurs, cadeaux, albums-photos, on vous offre gracieusement un texte anglais truffé d’erreurs. Ne cherchez même pas à avoir un sac cadeau avec un petit texte écrit en japonais pour montrer à vos amis au retour. C’est un objet rare. Sur la photo, on voit le nom d’un kiosque très populaire: la «Second Poche». Pour les Québécois, c’est très amusant. :)

Ensuite, l’anglais s’insère allégrement dans le langage. Par exemple, même si le mot «fraise» a une traduction japonaise (ichigo), j’ai vu des yogourt offrir la plus intéressante saveur «soutouraabérii» écrit en katakana (alphabet phonétique). Avez-vous compris quelle saveur est offerte ici?

Pas toujours facile! Je peux lire les katakana, mais lire «soutouraabérii» ne garantit pas nécessairement la compréhension du mot «strawberry».Ah ah! Par chance, la plupart du temps, le mot est également écrit en anglais. Les katakana sont donc écrit pour permettre aux Japonais de savoir comment prononcer «strawberry».

Dernièrement, j’ai vu la bande-annonce d’un film tiré d’un manga très populaire: Death Note (excellent manga par ailleurs). Comme plusieurs mangas, le titre est en anglais. Et la «traduction» katakana est: «Désu nooto». Alors quand j’ai entendu l’annonceur dire le nom anglais de cette façon à la télé (avec voix dramatique et profonde), j’avoue que j’ai trouvé ça un peu drôle. :)

Maintenant... Le français! Oui, oui, le français est bien présent au Japon. On l’utilise de la même façon qu’aux États-Unis: une affiche avec quelques mots de français permettent tout de suite de créer une ambiance plus chic et distinguée. :) Alors, boulangeries, cahiers de notes ou marques de vêtements, le français se lit un peu partout.

En fin de semaine par exemple, nous avons mangé une crème glacée à Kutsuki, dans un endroit appelé «Petit lait glacé». Mon parrain fromager sera sûrement heureux d’apprendre que le «petit lait» (c’est-à-dire ce qu’on retire du fromage lors de sa production) peut devenir de la crème glacée! :) Sur la photo, on peut manger à la boulangerie «Clos des mouches» (ça promet!)

Exemple de textes assez énigmatiques sur des sacs:
«Les vacances à respecter. Un jour de repos familial. On peur rencontrer une vie en forme cette année aussi.»
«Jours de repos qui ont leur régularité. Corps et esprit tout à fait libérés. Et aux hommes.»

Tout de même, je tiens à préciser que ce qui est vraiment distingué (et qui n’a pas seulement «l’air distingué») affiche un français parfait. La boulangerie «Shinshindoo» par exemple a pour slogan: «Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien».

Bien sûr, je comprends qu’il n’est pas évident d’écrire parfaitement le français. Mais avant une impression en plusieurs exemplaires, il est préférable de faire vérifier par quelqu’un qui parle bien cette langue. Enfin! :) Ça donne quelque chose à raconter aux touristes anglophones ou francophones. :)

24 juin 2006

La Saint-Jean au Japon

Cette année, il est clair que ma Saint-Jean sera différente. Je vis à Kyoto, dans un milieu totalement japonais où le Québec n’est pas très représenté. Je suis toute seule avec mon drapeau.

J’ai eu la chance de trouver une minuscule école où je peux enseigner le français. J’ai donc plusieurs étudiantes qui savent maintenant ce que c’est le Québec, où c’est le Québec et comment c’est beau, le Québec...

J’ai commencé à leur en parler tout doucement, en incluant mon drapeau dans les cartes des pays à apprendre en français. Lors du cours sur les animaux, j’ai parlé des baleines dans Charlevoix. Lorsqu’il a fait froid, j’ai expliqué la neige et notre vie en hiver. Quand c’est la fête d’une étudiante, je lui prépare un gâteau au chocolat et je lui chante : « Chère étudiante, c’est à ton tour de te laisser parler d’amour... » Et j’ai fait imprimer des photos de Charlevoix qui leur font faire des « oh… ah… ».

Graduellement, non seulement ils commencent à connaître mon coin de pays, mais ils commencent à y rêver.

Le 24 juin, c’est un samedi. C’est ma plus longue journée de cours. Pour moi, il n’y aura pas de concerts et de feux d’artifices. Mais je me prépare toute une fête.

On se fera des petits drapeaux du Québec en cours. J’amènerai un CD avec de la musique d’artistes de chez nous. On jouera à la chaise musicale et, pour les plus avancés, on analysera la poésie de Desjardins et de Félix. Je leur apprendrai quelques expressions québécoises. Et je me ferai une joie de leur préparer des crêpes aux bleuets. Ce seront sûrement des cours remplis de rire. :)

Je penserai sûrement à mon coin de pays où il y aura des feux d’artifice et de la musique. Kyoto est une ville magnifique, le Japon est rempli de beautés, mais y’a rien de plus beau que le Québec, Charlevoix et ses gens. Quand on est loin, on le réalise très fort : y’a rien de plus beau que son pays.

Bonne Saint-Jean à tout le monde!

18 juin 2006

Mariage à Kobe, Japon

Voilà, c’est aujourd’hui la fête des Papas, même au Japon! Alors bonne fête à tous les papas! :)

Aujourd’hui, c’était pour nous une grande journée : nous avions notre premier contrat de chanson payé. Nous devions chanter à Kobe, sur le toit du nouvel aéroport pour un mariage chrétien (kekkon shiki).

Au début, nous avons chanté « Amazing Grace » en compagnie de d’autres personnes (un guitariste et une chanteuse classique). Ça s’est bien passé. Ma voix un peu grave m’a semblée un peu « gospelisé », mais c’est correct pour cette chanson.

Ensuite, nous chantions une chanson de mariage chrétienne en japonais. Très ennuyante, si vous voulez mon avis. Mais bon! :)

Philippe a joué plusieurs musiques instrumentales pendant le mariage, le guitariste aussi en a joué une. C’était très bien.

Puis nous avons offert notre « presento songu » au nouveau couple marié, notre composition : Quand la Terre parle au Ciel. Les paroles françaises figuraient même dans le programme remis aux invités. Ça s’est très bien passé. Pendant que je chantais, j’avais une vue complète sur Kobe, ses montagnes, ses édifices, la mer, c’était fantastique et très inspirant. Un avion a même décollé pour la finale de la chanson! :)

Nous avons donc été chanceux : le temps était magnifique, juste un petit peu de vent pour faire voguer les robes, c’était très joli. Un temps parfait. On ne pouvait pas demander mieux! Une bonne chose que ce soit fait, je suis bien contente, j’étais nerveuse et Philippe aussi! :)

Vous ai-je parlé des mariages chrétiens au Japon? Il me semble que non. Alors, j’explique un peu pour que compreniez bien le contexte. Les Japonais ne sont pas chrétiens pour la plupart. Mais ils sont très romantiques, les filles en particulier. Ils voient beaucoup de films américains où un prêtre marie une belle mariée habillée de blanc. Ce qui explique l’engouement pour le mariage « chrétien ».

Ce qu’il y a d’un peu spécial dans le mot « chrétien », c’est que le prêtre n’en est pas un. Il n’a aucune formation théologique et n’est finalement qu’un ministre de mariage. Mais tout est mis en œuvre pour que l’image passe bien : il porte une aube flamboyante, lit la Bible, fait la prière et explique qu’il faut répéter AMEN après lui. On a alors l’impression de vivre un mariage chrétien. Qui dure un gros 15 minutes!

Un peu étrange, n’est-ce pas? Disons que ça fait réfléchir. Oui, je l’avoue, la cérémonie est un petit spectacle. On pourrait crier à l’hypocrisie d’un événement sacré. Mais on doit ici reconnaître qu’on connaît tous un couple qui s’est marié à l’église parce que « ça faisait plus beau ». À mon humble avis, ce qui se passe au Japon ressemble un peu à ça.

27 mai 2006

Ikebukuro, Tokyo

C’était également une journée couverte et la pluie ne s’est pas gênée. Nous sommes allés visiter le quartier de notre hôtel : Ikebukuro. C’est un quartier très à la mode, c’est là qu’on peut trouver les plus gros centre d’achats du Japon. On peut voir énormément de choses à acheter... Nous avons visité le Tokyu Hands. Je n’ai acheté que des pochettes genre porte-folio (je trippe sur ce genre de pochettes).

Juste à côté, il y avait Amlux Toyota. C’est le show-room de cette compagnie, le gratte-ciel est assez beau. C’est pas mal, on peut y faire quelques simulations et voir des modèles de Toyota. Mais je ne suis pas assez fan pour y passer la journée. :)

J’ai préféré me diriger vers les grosses boutiques d’anime. C’est étonnant tout ce qu’on peut vendre autour des mangas et anime. Cartes, pochettes, vaisselle, gugusses… Après plusieurs recherches, j’ai trouvé les DVD de ma série préférée à un prix normal. Je dis ça car les prix des DVD au pays de la technologie sont incroyablement élevés : on parle de 60$ à 70$ le DVD...

Parallèlement, au contraire de tout ce que j’avais lu, les cartes de crédit s’utilisent dans plusieurs magasins, même si ça ne se compare pas à chez nous (où il n’y a que Tim Hortons qui ne prend pas la carte).

On a également visité le Sunshine City, une tour à bureaux immense!!! En-dessous, il y a un centre d’achats où nous avons vu deux petits singes faire...des singeries! C’était comique. C’est paradoxal de penser que c’est exactement à cet endroit qu’on a pendu un général après la Seconde guerre mondiale (avant la construction du gratte-ciel). Comme quoi, on ne voulait pas vraiment le commémorer.

Le soir, nous avions rendez-vous avec le cousin de Philippe, Christopher, qui habite Tokyo depuis quatre ans. Nous avons mangé dans un bon restaurant italien puis nous avons eu la chance d’assister à un concert classique exquis : piano, flûte, guitare et opéra. J’ai eu des frissons. Fait intéressant : les Japonaises du concert portaient de superbes bijoux et de merveilleuses robes de bal qu’elles ont changés trois fois. Hypnotisant.

09 avril 2006

Ohanami et Kiyomizu, Kyoto, Japon

En se rendant à la gare ce matin-là, nous avons pu constater qu’il y avait énormément de monde à Arashiyama. Nous avions bien fait d’éviter la cohue en visitant le coin vendredi!

Nous étions invités à un o-hanami (pique-nique sous les cerisiers) par une école pour laquelle nous travaillons. On a mangé des nouilles yakisoba, des onigiris (boules de riz), nous avons rencontré quelques uns de nos étudiants et amis. C’était une très sympathique sortie.

Tant qu’à être dans l’est de la ville, nous avons pensé continuer l’exploration. Nous avons donc visité Gion en soirée (le quartier des geiko). C’était féérique. Les sakura étaient éclairés par des faisceaux de couleurs différentes. Il y en avait tellement!

Nous avons marché jusqu’au Kiyomizu-dera (temple de l’eau pure) car il était exceptionnellement ouvert la nuit. Il y avait du monde, mais on peut comprendre pourquoi. Les pavillons rouges sont illuminés, les sakuras sont partout et le site est vraiment enchanteur. Un des pavillons est monté sur des pilotis de bois gigantesques. On peut voir la ville jusqu’à la tour de Kyoto, c’est un endroit magique. On n’a pas regretté la longue marche!!!

29 mars 2006

Les premiers sakuras, Kyoto, Japon

Ça y est, j'ai vu mes premiers sakuras! Chaque arbre contient des milliers de fleurs et quelques unes se sont éclos sous le beau soleil des derniers jours! C'est superbe. J'ai même vu un arbre complet plein de fleurs ouvertes! Probablement que tous les arbres seront prêts en fin de semaine, nous irons prendre des milliers de photos. Il faut en profiter, les sakuras, ce sont des beautés éphémères, qui ne durent qu'une semaine.

Derrière chez nous, on aperçoit deux arbres gigantesques remplis de fleurs qu'on a vu s'ouvrir jour après jour.

D'ailleurs, cela se passe en même temps qu'une maison se fait démolir à coup de pelle chaque matin, je vous dis qu'on se lève plus tôt que d'habitude. Après trois jours, la démolition est presque terminée. Je me demande s'ils vont construire autre chose. En tout cas, à part le bruit, on ne peut pas se plaindre, pour éviter la poussière, le chantier était arrosé d'un jet d'eau et les côtés du chantier étaient protégés par de grandes bâches blanches pour éviter la poussière aux maisons tout près. :)

05 mars 2006

Pruniers du Kitano Tenmangu, Kyoto, Japon

Pour ceux qui sont fatigués de l’hiver, voici de belles images du printemps. C’est le temps de la floraison des pruniers. Ils commencent à peine, c’est très beau. On peut admirer deux sortes de pruniers : les blancs et les roses. Ça sent très bon et il y a beaucoup d’abeilles attirées par cette odeur enivrante. Mais j’ai moins peur des abeilles que des guêpes, alors ça va. :)

Pour admirer ces magnifiques arbres, nous nous sommes rendus au Kitano Tenmangu, un temple particulièrement reconnu pour ses nombreux pruniers : on en trouve environ 2000. Nous ne sommes pas entrés dans le parc où se trouvent la majorité des arbres, mais nous avons flâné autour du temple où on peut déjà en voir beaucoup. La majorité des arbres n’étaient pas en fleurs, mais quelques uns offraient déjà un magnifique spectacle. Que nous n’étions d’ailleurs pas les seuls à admirer.

Il est surprenant de voir autant de monde. Jusqu’à maintenant, j’ai vécu dans une ville très agréable et pas si peuplée que ça. Mais là, c’était incroyable, des gens partout, des appareils-photos en admiration et en gros plan devant les fleurs. Plusieurs femmes sont en kimono et on remarque plus d’étrangers. Il faut cependant dire que cette « populace » n’est pas très dérangeante, les gens sont sympathiques et il traîne une ambiance d’admiration et de bonne humeur. Nous avons passé un bon moment.

Plein de petits casse-croûtes se sont installés et préparaient des spécialités. Philippe a mangé une grosse saucisse au ketchup, moi une espèce d’omelette à la salade. Nous avons aussi acheté une crêpe en forme de poisson avec de la pâte d’haricots sucrée à l’intérieur. Et des bonbons. :)

19 février 2006

Arashiyama, Kyoto, Japon

Enfin!!! Libération, nous avons maintenant Internet! Après plus de deux semaines d’attente, de tergiversations, d’essais et d’aide de notre propriétaire (qui heureusement parle japonais ET anglais), nous y sommes!

Notre appartement

Bienvenue dans notre petit monde. Deux semaines, ça nous a donné pas mal de temps pour le mettre à notre goût. Décorations, petites lampes, étagères, draps, vaisselle, etc. Pas mal tout est installé maintenant et nous sommes très bien.

C'est un appartement de six tatamis avec une porte-patio qui ouvre sur un bel espace avec un arbre et c’est là que se trouve la laveuse. C’est également là que sèche notre linge. Nous avons également une petite cuisinette et une salle de bain format avion, mais très fonctionnelle. Nous sommes très contents. Pour ceux qui veulent s'établir à Kyoto: l'appartement coûte 520$ par mois (comprenant l'eau). Nous avons évidemment dû donner un "cadeau" à la propriétaire (450$) et une caution (1200$) qui est supposément remboursée à la fin (quand on enlève le montant pour le nettoyage, le changement de la serrure, etc.)

Nos emplois

Nous faisons maintenant le trajet vers nos emplois avec les vélos que nous avons achetés. Ça prend 40 à 60 minutes de vélo, c’est un bon exercice.

Philippe travaille tous les soirs avec un docteur. Il travaille également la semaine avec ses groupes d’enfants. Il enseigne l’anglais à tout ce beau monde.

J’enseigne également l’anglais à un docteur le vendredi et à une jeune femme le samedi. J’enseigne également le français à une petite fille, à une maman super gentille et à un Ontarien. Tout ceci est seulement une fois par semaine (parfois aux deux semaines), mais c’est quand même très agréable, j’en reviens à chaque fois souriante. :)

Notre quartier

Arashiyama est un quartier touristique à l’ouest de Kyoto, très couru par les Japonais qui viennent y admirer les montagnes remplis de cerisiers en fleurs (en avril) et de feuilles rouges (en novembre). Je peux vous dire que même maintenant, c’est bondé toutes les fins de semaine, à cinq minutes de chez nous. Nous avons découvert cela en cherchant un temple. Nous n’aurions jamais pensé qu’il y avait autant de gens si près, c’est tellement tranquille dans notre coin!

La propriétaire est aux petits soins avec nous, elle nous a fait faire un tour du quartier pour repérer les épiceries, la quincaillerie et le meilleur tofu du coin. On en mange très souvent depuis. On a également un restaurant de sushi pas cher à deux pas. :)

Le quartier touristique est absolument superbe. Il y a beaucoup de temples. Le Tôgetsukyo est un pont de bois très connu sur une large rivière aux pieds des montagnes. Son nom signifie « pont qui enjambe la lune ». Très pittoresque.

Jusqu’à maintenant, nous avons découvert deux parcs. Un qui sillonne la montagne et où on a trouvé un minou super gentil qui se prélassait au soleil. Vous savez à quel point cette anecdote est importante pour moi! L’autre parc cacherait des singes. Nous n’avons pas encore eu le temps d’y aller, mais ça ne devrait pas tarder. :)

17 janvier 2006

Exploration de Kyoto, Japon

En ce moment même, des chats miaulent comme des fous sur le toit. On avait été témoin d'une telle scène dans une petite rue de Kyoto il y a deux jours, maintenant ça se passe ici même, dans notre gîte. C'est trop drôle! Au début, on pensait qu'un chat était en train de mourir tellement ça crie, mais on comprend maintenant que c'est plus comme une longue argumentation. :) Ah ces minous!

Depuis deux jours, nous nous promenons dans les rues de Kyoto, avec la liste des grands hôtels pour tenter de trouver un lieu où nous pourrions jouer de la musique. La première journée, soit le 15 janvier, nous avons décidé de faire tout à pied, comme ça nous pouvions voir Kyoto en même temps. On s'est donc présenté dans quelques hôtels, trouvé des pianos, mais chacun des hôtels à piano a également un pianiste. :( On s'est informé pour obtenir un cellulaire, car une ligne téléphonique coûte 800$ en partant et nous devons pouvoir être joint par nos futurs employeurs. On a visité également le Kyoto City International Foundation et les gens ont été très gentils pour la recherche d'appartements. Il a également plein d'affichettes avec des choses à vendre, des demandes d'échange, des emplois. Nous avons pris beaucoup de notes.

Pour l'instant, ça a porté fruit car nous visiterons peut-être un appartement bientôt. Il est dans une région de Kyoto que nous n'avons pas encore visité. Également, nous avons plusieurs rendez-vous avec des Japonais qui veulent pratiquer leur français ou leur anglais (échange linguistique). Ça nous permettra d'avoir des amis dans la région et également de l'aide si nécessaire.

Hier, nous sommes repartis sur les routes de Kyoto. Cette fois avec le métro de Kyoto, qui est très très bien. Nous avons d'abord été dans un centre officiel pour obtenir notre carte d'étranger. Nous en avons besoin pour le cellulaire. Puis, nous sommes allés près de Kyoto Station pour éplucher les hôtels du coin qui pleuvent dans le coin. Je ne compte plus le nombre d'hôtels où nous sommes entrés. Une chose est sûre : notre japonais s'est quelque peu amélioré, la petite présentation commence à être bien rodée.

Malheureusement, aucun résultat non plus pour ces hôtels. Aujourd'hui, nous avons décidé de faire quelque démarche à la maison. Depuis deux jours (suite à notre marche forcenée), je souffre beaucoup des genoux alors je vais me laisser le temps de me remettre un peu. Le voyage, les valises, les marches, mes premières toilettes japonaises traditionnelles (genre "à la turque", un petit espace de céramique dans le sol), tout ça n'a pas aidé. Philippe a des courbatures aux jambes également et comme nous avons plusieurs téléphones à faire, ça adonne bien.

Demain, nous repartirons. Cette fois dans le coin de Gion, le quartier traditionnel de Kyoto (vous savez, les geishas?). Il y a peut-être des restaurants dans le coin où nous pourrions offrir nos services musicaux. En plus, un hôtel Hyatt se construit présentement et ouvrira ses portes en mars. Nous allons tenter de trouver quelqu'un à qui proposer notre musique.

Depuis deux jours que nous explorons Kyoto, je peux vous dire que c'est une très belle ville. Elle n'est pas très grande, on peut faire les points principaux à pied sans problème. Elle est entourée de montagnes qui me font un peu penser à celles de Charlevoix. Il y a de l'eau un peu partout, des rivières avec des petits passages de rochers qui nous font passer directement près de l'eau. Sinon, il a bien sûr les ponts! ;) J'adore les petites rues sinueuses labyrinthiques qu'on croise partout. Et hop, on voit les jolies maisons ou un temple surgir...

Les gens également sont très gentils et on tente souvent de nous parler anglais. Hier, mon nez a senti, au détour d'une petite route, un magasin français d'huiles essentielles et la dame avait fait un visa vacances-travail à Toronto, alors elle était enchantée de nous parler. J'aime beaucoup interagir avec les gens comme ça. :) à chaque fois, je me rends compte qu'au-delà des cultures, des apprentissages et des différences, nous sommes tout de même tous humains.

Il fait froid dans les maisons. Ce n'est pas très isolé et les chauffages ne sont pas très adaptés non plus. Alors, on gèle des pieds et on surchauffe de la tête. Mais bon, le jour, la température est très bien.

Nous commençons à être plus à l'aise dans notre "guesthouse" également. Nous avons pris nos aises et communiquons un peu plus avec les gens. La nourriture d'ici est excellente et les pâisseries sont vraiment trop bonnes!

14 janvier 2006

Premières impressions, Japon

Nous sommes sortis épuisés de l'avion, car on n'avait pas vraiment réussi à dormir. Il pleuvait (et il pleut toujours), c'était gris, c'était laid. Mais en ramassant les valises, le simple fait d'y être, dans ce fameux pays, ça a suffit. Comme l'a dit Philippe : "L'excitation d'être là surpasse la peur". On est allé voir les douaniers avec un grand sourire qui nous était monté dans la face et qui ne décollait plus.

Nous avons immédiatement pris un autobus pour Kyoto,il nous a laissé à la station principale après 1h30 de trajet dans les autoroutes. Ça fait bizarre de voir les gens rouler à gauche. On a vu beaucoup de paysages genre "parc industriel" et beaucoup de rivières. Même une ou des bûches flottaient partout, comme si on allait voir les draveurs surgir pour les amener au moulin à papier.

Lorsque l'autobus nous a laissé à Kyoto Station, on a eu du mal à se trouver un taxi car il n'y en avait pas pour toutes nos valises. Alors une employée d'un hôtel nous a aidé à prendre deux taxis et à expliquer ou était notre gîte.

Parce que le Japon n'a pas de système d'adresses précises (comme au Nicaragua). Les rues principales ont des noms, mais on se débrouille pour le reste. Cerise sur le gâteau : notre gîte est caché dans un petit espace entre deux maisons.

Voilà, nous y sommes. Le monsieur est hyper gentil, il va nous aider à trouver un appartement. Il nous a donné le dortoir complet (4 lits, une table, des chaises, un ordinateur branché à Internet, une grande télévision ou Philippe a installé sa PlayStation2!). La chambre est propre, je suis soulagée, on ne sait jamais quand ce qu'on réserve sur Internet (merci à Akira pour l'adresse!)

Nous sommes allés marcher dans notre nouveau quartier (Sakyo-ku), sous la pluie et le gris. Nous avons vu plusieurs oiseaux dans la rivière: hérons, grues, canards. Nous avons visité des magasins, mangé des nouilles japonaises dans un restaurant au menu à l'écriture verticale et aux chiffres en japonais (on ne comprenait pas grand-chose, mais nous avons commencé à essayer les mets!) et nous nous sommes acheté des pâtisseries qui avaient l'air bien bonnes (et qui l'étaient!!!).

Voici nos quelques petites constatations pour l'instant :

1. Êtes-vous déjà entré dans une toilette publique et que ça sente bon? Je sais, certains diront que je suis obsédée par les toilettes ces temps-ci! Mais que vous dire... C'est surprenant quand il n'y a pas le petit fond d'odeur qui pue, couvert par plein de produits désinfectants. Je ne sais pas comment ils font, mais ça sentait bon dans les toilettes de l'aéroport. Et au gîte, le bol est présent et CHAUFFANT! Bon, le reste de la toilette est pas mal froide (pas isolée pantoute de l'extérieur), mais on s'assoit sur du chaud! Surprenant! ;)

2. Les gens sont si gentils! Ils sont serviables, souriants, motivés et attentionnés. J'avais un peu peur au début de susciter de drôles de réactions, mais finalement c'est vraiment super pour notre première journée contacts. Surtout avec notre petit japonais rouillé. :)

3. Ici, les parapluies ou les vélos, on les laisse à l'entrée des magasins. Sans cadenas. Dans un petit espace à cette fin. Et on les retrouve à la sortie. Après quelques années à Montréal, je suis stupéfaite.

Pour ceux qui s'inquiètent parce qu'on parle beaucoup de la neige japonaise ces temps-ci, il faut savoir que nous sommes dans le sud du Japon. Il fait 10 degrés aujourd'hui.

Nous avons maintenant 14 heures de différence avec le Québec. Demain, nous partirons à la recherche d'appartements et de jobs. Ce soir, on relaxe, on s'installe et on dort!

13 janvier 2006

Bilan, Nouvelle-Calédonie

Voilà, nous sommes au dernier jour de notre voyage en Nouvelle-Calédonie. Ce prélude à la grande aventure japonaise a été extraordinaire. J’ai fait un coquin petit bilan de ce pays que j’ai pu apprécier un bon mois :

Petits aspects négatifs

- Le verre : faites attention lorsque vous marchez sur les trottoirs, sur la plage, dans le lagon, car il y a toujours un morceau de verre brisé. Les gens semblent prendre un malin plaisir à briser leurs bouteilles après une fête.

- Le prix : préparez-vous à ne pas ramener beaucoup de souvenirs, ou à mettre votre compte à plat. Ici, les souvenirs sont très beaux : des paréos originaux, des robes missions (ou robes poches comme j’aime les appeler) très colorées, des sculptures de bois (flèches faîtières, petite case kanak, cagou), des bols en bois avec des pattes (c’est tellement cute!!!, mais à 30$ CAN le bol de peanuts...), des perles de Tahiti toutes plus belles les unes que les autres (et chères!!!), des colliers faits avec la mer (nacre, coquillage, perle, dents de poisson, etc.) ou des produits cosmétiques locaux (niaouli, tamanu, noni, vanille). Vous voyez? C’est tentant, n’est-ce pas? Mais vous devrez faire un choix, car votre pouvoir d’achat (lorsque vous êtes Canadien) n’est vraiment pas le même!

- Les toilettes : si vous êtes une fille, que vous avez besoin d’aller aux toilettes, ce ne sera pas comme au Québec. Dans les stations service ou les restaurants, les toilettes n’ont pas de bol, alors on ne s’assoit donc pas. Ça va pour les petits besoins. Mais pour nous, y’a aussi des périodes clés où on apprécierait pouvoir s’asseoir, c’est plus hygiénique. Alors, lorsque vous voyagez ici, ne soyez pas trop vieux (c’est dur pour les cuisses), n’ayez pas trop envie et ne soyez pas dans la mauvaise période de votre cycle parce que vous allez rager. ;)

Grands aspects positifs

- Les bebittes : certains sont habitués à la brousse africaine ou la jungle latino-américaine et savent qu’ils devront vivre avec les mouches qui piquent, les bestioles qui courent et les araignées qui sautent. Pas ici. Les maringouins ne viendront pas en masse vous dévorer (même s’il y en a aussi dans la campagne), les cafards ne vous sauteront pas dessus et vous ne passerez pas votre temps à chercher un scorpion dans votre chambre. Et pour ça, la Nouvelle-Calédonie est fantastique.

- La langue : c’est plaisant, car on y parle français. On peut se débrouiller partout, on ne se pose pas de questions lorsqu’on va au musée ou au restaurant, on peut être complètement à l’autre bout de la planète et se faire comprendre. Je dois cependant admettre que parfois, nous ne sommes pas certains d’être dans un pays francophone car les Français adorent l’anglais. Ils font du windsurf, du funboard (planche à voile), font leur coup d’essai sur un practice de golf avant d’aller taper sur le green, ils mangent des Happy Meal (Joyeux Festins), des Choices Best of (trio au McDo) et des McMorning avec des Hash Brown (McMatin avec une patate). Et c’est comme ça partout. Mais bon, on parle quand même le français.

- Le paysage : comme vous avez pu le voir avec les photos, nous avons découvert un pays à la végétation magnifique : des pins qui créent un paysage hors du commun, des fleurs aux couleurs débordantes, des montagnes toutes plissées, un lagon gigantesque et fascinant, bref, c’est un pays absolument paradisiaque.

- Les sports : vous avez les montagnes pour ceux préfèrent la randonnée ou l’équitation, vous avez l’océan pour ceux qui souhaitent plutôt la baignade, les sports de voile, la plongée ou le bateau, vous avez la plage pour ceux qui veulent bronzer ou se reposer, vous avez la ville pour ceux qui veulent de l’animation. Et vous avez partout de grandes promenades pour ceux qui veulent courir, marcher ou admirer la nature.

11 janvier 2006

Musée de l’histoire maritime, Nouméa, Nouvelle-Calédonie

Nous sommes allés au Musée de l’histoire maritime et nous avons beaucoup apprécié notre visite. Quelques textes à lire, des choses à voir, de l’histoire calédonienne au rez-de-chaussée. Il y avait une exposition spéciale Jules Verne à l’étage, un très beau montage de quelques extraits de 20 000 lieux sous les mers. C’était mystérieux et créatif. Très imaginatif. Nous nous sommes également assis dans la salle de projection pour écouter « L’île mystérieuse », un dessin animé tiré d’un livre de Jules Verne. :) J’aime beaucoup cet auteur, il n’hésite pas à s’inspirer de la science pour réaliser certains de ses rêves dans ses livres. « J’aime la liberté, la musique et la mer » (citation du Capitaine Némo!) :)

09 janvier 2006

Plage de Poé, Nouvelle-Calédonie

Nous sommes partis tôt car nous devions traverser les massifs et revenir sur la côte est. Nous avons pris le col Tiwaka-Koné, une superbe route qui nous permet d’admirer des vallées profondes et des bambous comme des bouquets de fleurs.

Sur le chemin du retour, à Bourail, nous nous sommes arrêtés à la plage de Poé, où j’ai pris un peu de sable blond. Il bruinait et nous entendions constamment le bruit des vagues qui s’échouaient violemment sur la barrière entourant le Caillou. Avec les jumelles, on les distinguait bien.

08 janvier 2006

Hienghene, Nouvelle-Calédonie

Hienghene est réputée pour ses gigantesques rochers noirs qui surgissent de la mer ou de la terre. Un de ces rochers a la forme d’une poule et il est placé à l’entrée de la baie. Hienghene est un petit village charmant au fond de la baie. C’est un lieu vraiment unique.

Nous avons profité de la journée pour relaxer, se baigner dans la piscine, prendre une longue marche le long de la plage. Nous avons réussi à avoir un bungalow (avec air climatisé) pour la prochaine nuit et tout le monde était très content d’être là. :) Les couleurs des fleurs étaient exagérées : jaune, orange, fuchsia, rouge, mauve, vert des feuilles et vert foncé des pins avec palmiers et mer bleue. Un plaisir pour les yeux.

07 janvier 2006

Cascade de Tao et rivière Ouaième, Nouvelle-Calédonie

On nous avait conseillé de s’arrêter à la cascade de Tao en allant vers Hienghene. Nous sommes donc partis en avant-midi vers notre prochaine destination. Nous avons d’abord traversé les massifs pour atteindre la côte ouest de l’île. La végétation a changé : nous étions de plus en plus dans la forêt tropicale. C’est toujours superbe de passer dans les cols difficiles des montagnes, mais c’est encore plus surprenant de trouver des gens qui vivent un peu partout dans ces monts difficiles d’accès.

Sur la côte ouest, la végétation est beaucoup plus fournie. Il y a de gigantesques fougères arborescentes, des palmiers, la mer à gauche et de gigantesques montagnes à droite. Nous avons surveillé la cascade de Tao avec attention (il y en a plusieurs sur le chemin). Quand nous l’avons vue, c’était très clair qu’elle était hors du commun : on la voit descendre du haut de la montagne. On a payé un droit d’entrée à la tribu responsable, puis nous nous sommes baignés dans un bassin naturel où l’eau était fraîche et la vue splendide. On a l’impression d’être dans un film de Walt Disney et de voir la chute comme un décor féérique. On a bien profité du moment pour se faire masser le dos par le courant! ;)

Nous n’avions pas fini de découvrir de superbes choses sur le trajet. Prochaine étape : la Ouaième, une rivière entre les montagnes traversée par le dernier bac de Nouvelle-Calédonie. Un bac, c’est une plaque flottante et un petit moteur qui tire notre « barque » vers l’autre côté, avec une corde. Sur la photo, vous voyez la mer à gauche, l’embouchure de la Ouaième à droite et les monts.

Un peu plus loin, nous arrivions enfin à destination : Hienghene (ce qui signifie « marcher en pleurant »). Ouf! Tout de suite, nous avons eu droit à la vue sur les rochers noirs et la poule (plus de détails à la prochaine journée). Nous dormions dans un Club Med Village (il n’y a pas d’animations « Haut les mains », mais il y a toutes les commodités). Nous avons dormi dans une case kanak sans air climatisé. Il faisait 30 degrés dans la case. Le sommeil a été plus difficile pour tout le monde!