17 juillet 2009

Du livre au lecteur

Une librairie chez laquelle je distribue mes livres depuis le début juin vient de me contacter pour m’annoncer que toutes les copies sont vendues et me demander d’apporter des exemplaires supplémentaires.

C’est la première fois que ça arrive et c’est un sentiment vraiment extraordinaire! J’ai vendu plusieurs copies par moi-même depuis le lancement. Mais cette fois, je ne sais pas qui sont les gens qui ont décidé de se procurer un exemplaire. Je ne connais pas leurs raisons, je ne sais pas s’ils ont déjà visité le Japon, je n’ai pas reçu leurs commentaires de lecture. C’est comme si mon livre était devenu grand. Je ne contrôle pas où il va, il fait son propre chemin.

D’abord, il y a le lent processus d’écriture et de relecture. L’écrivain connaît si bien chaque mot, le livre devient un ami, les liens sont très forts avec le résultat final. J’imagine que c’est encore plus intense lorsqu’on le monte soi-même puisqu’on y choisit la police, la photo, le design, etc.

Pourtant, même si le rapport entre l’écrivain et le livre est très intime, on doit lâcher prise. Le lancement! On laisse aller, les mots sont imprimés, on ne peut plus les changer. Des gens commencent à le lire et à apposer leurs goûts personnels sur ces mots. C’est un échange merveilleux. Tout ce qu’il me reste à faire, c’est observer les gens qui lisent mes mots.

Finalement, il y a une autre étape. Celle des librairies. Plus de la moitié des exemplaires imprimés ont été déposés sur les tablettes du Québec. Lorsque je suis sortie de chaque librairie, j’étais fière de les imaginer là, exposés au regard de tous, comme une réalisation supplémentaire d’un rêve réalisé (à plusieurs niveaux d’ailleurs : voyage et écriture!)

Mais non, le livre se transforme encore une fois. Il quitte les tablettes et s’en va ailleurs : chez les gens. C’est un peu comme perdre de vue un ami avec le temps.

Imaginez… Un livre qui se vend quelque part, c’est comme un amour dont on a perdu la trace. On se souvient de son nom, on a retrouvé des photos dans un vieux journal intime, ça nous ramène des anecdotes à son propos. Où est-il aujourd’hui? S’est-il marié? A-t-il des enfants qui lui ressemble? A-t-il bien vieilli? Garde-t-il, lui aussi, de bons souvenirs de cette époque?

Un livre qui se vend parce que quelqu’un, quelque part, a décidé de l’acheter, c’est un compliment, mais c’est aussi le début d’une histoire. Parce que je peux t’imaginer, lecteur invisible, avec ce livre dans les mains. Tu es comme l’amoureux de mes douze ans avec lequel j’ai rougi en dansant un slow au bal des finissants. Je peux me créer des histoires sur ce que tu tu es. Je peux imaginer ce livre partir avec toi en voyage et voir ce que je n’ai pas encore vu. Je peux craindre ton jugement et espérer t’avoir fait rêver.

Au revoir, Livre… Bienvenue, Lecteur. Je te souhaite tout le bien de notre monde.

10 juillet 2009

L'éternelle positive

Lorsque je consulte mon blogue, je suis toujours surprise de constater à quel point je suis une éternelle positive. On y trouve mes expériences de voyage et mes réussites. Mais il est assez rare que j’y parle de mes déceptions. J’ai bien trop peur d’avoir l’air de me plaindre! Et pourtant, il faut savoir que pour autant de belles histoires de voyage, de photos paisibles et d’extraits musicaux qui sonnent bien, il y a également eu beaucoup de déceptions et d’échecs, disons-le franchement.

J’écris sur ce blogue pour vous donner le goût du voyage. Le goût de découvrir et de vous émerveiller de ce qui vous entoure, que ce soit le quartier, la province ou le pays. C’est certain que mon ton est joyeux et positif.

Je ne voudrais pas que ceux que j’ai réussi à convaincre se découragent au premier échec.

Par exemple, côté voyage, j’ai fait mon premier voyage en avion à 23 ans, vous devinez qu’il y a donc eu plusieurs projets de voyages qui sont tombés à l’eau avant ce baptême de l’air!

Côté livre, ça m’a pris un temps fou avant de réussir à faire lire mes écrits par d’autres personnes que mes meilleurs amis. Quand j’ai passé cette étape, j’ai fait lire et corriger mon manuscrit. Je l’ai envoyé à une vingtaine d’éditeurs, je l’ai publié par mes propres moyens (et j’ai eu un lancement magnifique, merci!), avant de recevoir une réponse positive à laquelle je ne rêvais plus!

Finalement, côté musique, je n’ai pas le goût de vous raconter tous les concours auxquels j’ai participé et les commentaires encourageants/décevants que j’y ai récolté. Le temps passant, j’ai trouvé mon style, j’ai réalisé que j’adorais l’interprétation et que j’aimais chanter pour m’amuser. C’est merveilleux, n’est-ce pas? Pourtant, quand j’applique maintenant à des festivals, on me dit que mon style est trop passéiste. C’est un peu comme si on me disait que la date d’expiration de mes chansons préférées (et même de certaines de mes compositions) était passée depuis longtemps…

En plus, je passerai bientôt le cap de la troisième décennie. J’ai donc de moins en moins le goût de me déguiser en quelqu’un d’autre pour plaire aux juges ou au « marché » de la musique. Et puis, lorsque je regarde l’âge des débutantes en chanson, je me dis que j’ai vraiment passé ma date d’expiration. Est-ce que c’est moi qui rêve où est-ce que la tendance pointe de plus en plus vers la jeune fille? J’ai l’impression que c’est différent pour les hommes qui débutent… Ça m’énerve.

Enfin, quoi qu’il en soit, la musique reste un plaisir et si je peux continuer de partager ce bonheur avec d’autres, je le ferai. Sinon, il n’y aura que moi et mes chats qui m’entendront chanter des « tounes passées date »!

Pour terminer sur une note positive, sachez que j’ai également d’autres projets en tête pour les 70 prochaines années. Le plus étrange est sans doute celui de devenir parfumeuse. J’aimerais savoir distinguer toutes les odeurs et chercher à allier ensemble « les notes qui s’aiment », comme le disait Mozart. En attendant, je commence mes exercices de nez pour tenter de reconnaître le plus d’odeurs possibles! On s’en reparle dans quelques années, peut-être…