23 septembre 2013

Snæfellnes, la montagne de neige

Snæfellnessi - merC’est une pointe de terre dominée par son volcan. Un bout de terre créée par d’énormes coulées de lave et des cratères qui surgissent d’un peu partout. Au sommet du volcan de 1500 mètres, un glacier adoucit ses angles, une chape d’un blanc immaculé. Pas surprenant qu’on ait longtemps cru qu’ici les elfes et les trolls qui peuplent l’Islande soient si nombreux. C’est une région magique, et Jules Verne l’avait senti jusqu’à sa lointaine France en faisant du Snæfellnes l’entrée du Voyage au centre de la Terre.

Snæfellnessi - cascadeDe Reykjavík, il faut compter un bon deux heures de route pour y arriver. Et pourtant, par temps clair, on aperçoit le Snæfellnes de la capitale! Mais il faut contourner les fjords de ce pays creusé par la mer. Juste après l’Esja, le mont qui surplombe Reykjavík et les montagnes d’Akranes, on passe sous un fjord grâce à un tunnel de près de six kilomètres. Ses parois de roches irrégulières sont impressionnantes.

SnæfellnesSe rendre admirer un volcan qui dépasse les 1000 mètres, c’est toujours risqué : le sommet est souvent couvert par les nuages. Je me souviens que le mont Fuji ne daignait se montrer que le matin pendant notre séjour dans la région. Mais sachez une chose : la répartition des nuages est souvent inégale. Si le sommet est invisible vu du nord, il peut fort bien apparaître du sud. Ce fut notre cas de la visite : nous avons eu droit à un Snæfellnes dominant tout le paysage lors de notre arrivée, puis au fur et à mesure qu’on le contournait vers le nord, il s’est voilé.

DjupalonssandurQu’importe. Il y avait tant à voir autour de cette péninsule nordique. Entre les petits villages, des champs de lave erratiques se jettent à la mer, prenant des formes étranges. Une petite plage miraculeuse, Djupalonssandur, a servi aux pêcheurs et fait maintenant le bonheur des touristes qui admirent son sable noir et ses parfaits petits galets. Et des cascades se jettent du haut des montagnes à peu près partout, conséquence de la lente fonte du glacier de onze kilomètres carrés.

Stykkishólmur - moutonsLa plus charmante de ces agglomérations est Stykkishólmur, encore plus au nord. En s’y rendant, nous avons rencontré un « embouteillage de moutons » puisque c’est le moment de l’année où les fermiers ramènent les moutons des champs où ils sont libres vers des espaces plus restreints où ils seront triés (parce que les bêtes sont pêle-mêle dans les champs, peu importe le propriétaire). Il y avait donc voiture, chevaux, moutons et membres de toute la famille pour pousser les moutons à suivre la bordure de la route. Nous sommes passés au milieu des bêê-bêê, admirant le travail.

StykkishólmurStykkishólmur, c’est un village de pêcheurs (et de nonnes puisque le couvent catholique emploie de nombreuses personnes !) d’où part un traversier vers la pointe plus nordique de l’Islande. Une colline rocheuse domine le port et elle est accessible aux visiteurs. La vue est très jolie avec la mer tout autour de soi, le village et les montagnes enneigées au loin. Nous avons vraiment apprécié cet endroit paisible. Une belle manière de finir ce voyage dans le Snæfellnessi.

Pour terminer, j'ai tourné un petit vidéo explicatif de cette montagne:

14 septembre 2013

Les Reykjanes, péninsule au sud-ouest de l’Islande

ReykjanesPour un voyage de quatre semaines et demi, avec un enfant, nous avions prévu de faire une seule grande excursion par semaine. Nous avons commencé par le Cercle d’or, puis le Blue Lagoon, et cette semaine, en accord avec la météo, nous voulions visiter le sud de l’Islande. Le plus simple, c’était de louer une voiture. Ce qui ne me réjouissait pas outre mesure, puisqu’une auto, c’est aussi un objet dont il faut prendre soin. Il faut la stationner, la nourrir, la conduire (ce qui est tout de même plus fatigant que de se laisser conduire). Mais cela comporte aussi de grands avantages : on est maîtres de son propre horaire et de son itinéraire. Une amie japonaise a accepté d’embarquer avec nous, ce qui nous a permis de faire un voyage encore plus agréable et de réduire les frais.

KleifarvatnNous sommes donc partis vers le lac Kleifarvatn, profond de 97 mètres. La route pour s’y rendre n’est pas toute asphaltée. Et l’atmosphère des lieux est très étrange : on circule au milieu des montagnes, montant et descendant sur une route bâtie sur un sol volcanique noir, recouvert de mousses vertes. Ce lac bleu qui apparaît entre les montagnes noires et fumantes, agité par un vent violent le jour de notre visite, est fort impressionnant. Seuls au milieu d’un nouveau monde, toujours en création…

SeltunTout près on trouve Seltún, où l’on peut admirer les solfatares, un nouveau mot français que j’ai appris ici : ce sont ces fumées qui s’échappent d’un sol à 100-200 degrés… Le site de Geysir permet d’en admirer de magnifiques, mais Seltún est un site encore plus large, où l’on peut marcher parmi les couleurs créés par le soufre plus longtemps. On entend le bruit de la respiration brûlante de la terre, de la boue qui ronfle, de l’eau qui s’évapore… On marche, littéralement, sur un volcan actif.

Mouton en IslandeLes solfatares de Seltún sont situés dans le village de Krýsuvík. Un panneau discret nous invite à visiter l’ancienne chapelle de Krýsuvík, dont il ne reste que des ruines, puisqu’elle a brûlé en 2010. En fait, il n’y a rien à voir là, sinon faire une belle promenade au milieu des bêê-bêê des véritables habitants du lieu.

C’est l’heure d’un petit repas à Grindavík, dans un restaurant près d’un port de pêche, bien protégé des vagues violentes de l’Atlantique nord. Ça fait drôle de penser que le fameux Blue Lagoon fait partie de cette ville, même si le lagon est situé de l’autre côté des montagnes, éloigné de l’océan.

GunnuhverPlus loin à l’est, on peut visiter un autre champ de solfatares bouillonnantes: Gunnuhver. Ils sont nommés ainsi à cause d’une fantôme agressive Gunna, qui avait envahi la région, voilà 400 ans. Jusqu’à ce qu’un prêtre survienne et l’emprisonne dans le sol. Ce qui explique pourquoi on peut toujours sentir sa fureur : cratères rouges et jaunes, odeur de soufre, usine qui collecte toute cette énergie pour en faire de l’électricité… La région est fertile en chaleur. Et la visite est impressionnante, car les champs sont situés très près de la mer, près du phare des Reykjanes: Reykjanesviti.

ReykjanesvitiIl est possible de s’y rendre à pied. Ce que j’ai proposé, animée par une volonté inébranlable de faire un peu de randonnée. Même si la route de gravier est davantage praticable à pied, puisqu’on peut éviter les trous, avec des vents de 70 km/h et un bébé sur le dos, ce fut quelque chose! Le chemin est entouré de lave figée et de mousses vertes, avec parfois, une vapeur sulfurique qui sort d’entre les fissures du roc… Reykjanesviti est le plus vieux phare d’Islande (1878), au bout de la pointe de la péninsule des Reykjanes.

ReykjanesvitiIl vaut la peine de marcher jusqu’au bout du chemin pour arriver devant les assauts furieux de l’océan. Au loin, on devine l’ile Eldey, le plus important lieu de nidification de 70 000 fous de Bassan. C’est aussi là que fut tué le dernier grand pingouin, qui pouvait atteindre 85 cm, en 1844. Depuis quelques années, une statue de cet oiseau éteint brave les tempêtes de la pointe et garde un œil sur l’île Eldey.

Finalement, le voyage s’est terminé avec le pont qui relie les deux continents. La région étant à l’intersection entre les plaques de l’Amérique et de l’Europe, on a profité d’une petite faille, non loin de l’océan, pour bâtir un pont, assez peu joli. Avouons qu’après avoir vu la plaque européenne s’effondrer, et apercevoir vingt-trois kilomètres plus loin le mur de la plaque américaine, lors de notre visite à Þingvellir, je n’étais pas impressionnée. Surtout que l’être humain étant si petit, j’ai du mal à croire que cette petite fissure est vraiment le lieu de la séparation entre les deux plaques. J’ai plutôt tendance à croire que toute la région entourant ce lieu est la réelle division tectonique: les solfatares de Gunnuhver, le phare Reykjanesviti et le champ de lave alentour. Mais il serait difficile de faire un pont aussi grand…

09 septembre 2013

Le milieu du voyage et attention au Blue Lagoon

Harpa de nuitDéjà deux semaines et quelques jours depuis notre arrivée en Islande. Nous en sommes à la moitié du voyage. Ce qui veut dire qu’on a visité les principaux sites de Reykjavík, qu’on a fait les excursions qui nous tenaient à cœur (Cercle d’or et Blue Lagoon). Sur notre liste, de nombreux items ont été cochés. Plusieurs dont je ne vous ai pas parlés, mais que j’évoquerai peut-être dans d’autres billets.

Le rythme des visites a ralenti: j’ai commencé les cours à l’université la semaine dernière. L’éducation est un monde fascinant : quand on ouvre la boite des connaissances, elle n’a pas de fin. J’ai toujours trouvé étrange que la curiosité soit un défaut dans les mythes de la Grèce antique (la boite de Pandore) ou même dans la description de la féminité d’antan (femme discrète, pieuse, obéissante : j’ai lu ça dans un vieux roman…) Pour moi, c’est une qualité importante, celle que j’ai nommée quand on m’a demandé ce que je souhaitais pour mon enfant : la curiosité. Car la vie n’est jamais ennuyante, elle trouve toujours le moyen de nous émerveiller quand on possède cette richesse.

Lac TjörninÉtonnamment, aujourd’hui j’ai expérimenté le plaisir de communiquer avec plusieurs nationalités en même temps : il y avait des Français, Japonais, Danois, Finnois, Tchèques, Polonais dans mon cours sur la société islandaise. Que c’est étrange de parler japonais un moment, puis de passer au français pour ensuite utiliser l’anglais… Jamais je n’avais vécu avec autant d’intensité l’incroyable sensation d’explorer plusieurs langues. Ça m’encourage à mieux les étudier pour m’améliorer! Mon vieux rêve de parler 9 langues à 90 ans était peut-être un peu exagéré, mais il révèle à quel point j’aime les langues et tout ce qu’elles nous révèlent sur les différentes sociétés qui les utilisent.

Deux choses à mentionner avant de vous quitter. D’abord, notre mini-album « Inspiration » est maintenant disponible sur iTunes! On y a mis des chansons en japonais et en français. Pour 3,96$, voilà un échantillon de nos compositions!

Ensuite, depuis le Blue Lagoon, mes cheveux ressemblent à de la laine d’acier. Et ce n’est pas une blague : la partie qui a subi l’eau salée et pleine de silice du lagon était complètement abîmée. J’ai eu beau les laver, les revitaliser, les traiter… Rien à faire: je ne pouvais même pas passer ma brosse dedans!

Valérie HarveyAvertissement à tous les visiteurs du Blue Lagoon: veuillez attacher les cheveux longs en chignon et éviter de les laisser tremper (un peu, c’est correct, mais pas une heure et demi!) Parce que si le Blue Lagoon est bon pour la peau, il est mortel pour les cheveux. Comme lors mon premier voyage au Japon, je reviendrai donc avec un nouveau look: des cheveux courts. :)

04 septembre 2013

Le Blue Lagoon, symbole de la richesse islandaise

Blue LagoonLe transport pour s’y rendre coûte au minimum 32 dollars. Le billet de la formule « standard » est à 40 dollars. De telles dépenses créent de grandes attentes. Qui ne seront pas déçues. Le Blue Lagoon, un lac artificiel de 200 mètres, rempli d’eau volcanique, est une expérience unique.


Blue LagoonLe chemin qui y mène est celui qui relie l’aéroport de Keflavík et la capitale Reykjavík: un champ de lave au milieu duquel passe une route. C’est assez extraordinaire de contempler ces pierres noires sillonnées de fissures et recouvertes d’une mousse d’un vert tendre. Tout près, la mer bleue; au loin, de jeunes montagnes hachurées.

Le Blue Lagoon est relié à une centrale géothermique qui puise de l’eau bouillante à 2000 mètres sous ces pierres volcaniques. Elle en sort à 240 degrés et fait tourner des turbines qui créent l’électricité dont on ne sait plus que Géothermie - Islandefaire ici. On se sert pour éclairer et chauffer les maisons bien sûr, cultiver les légumes (serres) et les poissons (pisciculture), chauffer les piscines extérieures ouvertes à l’année. Comme l’Islande est une île qui ne peut exporter son surplus d’électricité, elle invite les industries qui consomment beaucoup d’énergie (aluminium, serveurs informatiques) à s’installer ici pour profiter de cette énergie verte.


On se sert aussi de l’eau chaude pour faire fondre la neige sur des trottoirs trois fois plus large que les nôtres! Je l’avoue, je suis jalouse! Ma poussette, qui a tant de mal à se trottiner sur entre les poteaux électriques de ma ville (inexistants en Islande puisque l’électricité est enfouie) et les bacs de poubelle/récupération/compost n’a jamais le moindre problème sur les trottoirs de Reykjavík.

Pierres volcaniquesLorsque l’eau s’est refroidie, elle devient l’eau chaude municipale. Cette eau sent le soufre, une odeur d’œufs pourris sort donc du robinet. De temps à autre, le vent apporte cette odeur sur la ville, vite balayée par les souffles marins. Quand on prend sa douche, on a l’impression que l’eau est « douce », qu’elle laisse un filin sur nous. Elle ternit aussi graduellement mes bagues en argent… L’eau chaude n’est pas dangereuse pour la santé, mais il est préférable de ne pas la consommer. En fait, l’eau froide ne sent rien, ni le soufre, ni le chlore, car c’est de l’eau de source! Elle est donc fabuleuse à boire, telle quelle. Les Islandais en sont très fiers d’ailleurs!

Blue LagoonMais revenons au Blue Lagoon. À deux pas, il y a donc la centrale géothermique de Svartsengi. Elle déverse dans le lac artificiel de l’eau chaude entre 37 et 40 degrés. De grands pans de fumée blanche s’élève de la centrale et du lagon. Cette eau est réputée excellente pour la peau, car elle est chargée de silice, minéraux, sel et algues bleu-vert (d’où la couleur du lagon). Le lagon bleu, c’est donc l’eau rejetée de la centrale… On s’y baigne, on s’y détend, on s’étend de la boue blanche sur le visage et le corps…

Terre d’extrêmes, l’Islande a su transformer l’énergie volcanique en richesses. Le Blue Lagoon, c’est un peu le symbole de l’utilisation ingénieuse qu’en ont fait les Islandais: énergie électrique, eau miraculeuse, spa luxueux…

P.-S. Les enfants y trouvent aussi beaucoup d’agréments. Léo en a fait le tour, pouvant marcher à plusieurs endroits. Il a voulu essayer la boue, la cascade, les petits ponts. C’est aussi agréable pour eux que pour nous. Et la préparation tout comme le départ se passent bien car les vestiaires sont très bien organisés: bracelet à puce, séchoirs et bancs partout, gel douche et revitalisant… Le grand confort, même pour le billet minimum!