30 octobre 2013

Le changement d’heure : résultats de la pétition

En mars dernier, juste avant le changement d’heure, j’ai eu la surprise de voir les médias s’intéresser à ma pétition mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale et qui visait à abolir ce jeu de yoyo bisannuel. En résumé, je demandais à ce qu’on s’interroge sur notre habitude de changer l’heure deux fois par année. Quels avantages avions-nous encore à y gagner? Et les désavantages d’un tel changement d’horaire étaient-ils importants?

J’avais même créé un site web où on trouvait l’historique du changement d’heure, les études sur la question, les pays qui ne le changeaient plus… Quant à savoir quelle heure il faudrait garder (heure normale ou heure d’été à l’année), j’écrivais sur l’une des pages du site qu’« il y a probablement plus de points positifs à garder l'heure d'été à l'année ». D’un point de vue économique, d’abord, les impacts d’un « décalage » d’une heure entre Montréal et New York pendant quatre mois par année sont minimaux; et puis, ce serait beaucoup plus agréable d’avoir un peu plus de luminosité en soirée en hiver. Mais la pétition elle-même ne faisait la promotion d’aucune option: je préférais laisser notre gouvernement en décider après avoir étudié le cas spécifique du Québec.

À la veille du prochain changement d’heure (le 3 novembre), je partage avec vous la réponse officielle du gouvernement que je viens de recevoir. La pétition a été déposée le 2 mai, mais un seul mois fut suffisant pour évaluer la pertinence du changement d’heure. Dans une lettre datée du 12 juin, le ministre de la Santé, Réjean Hébert conclut que:

« De façon générale, à la lecture des différentes études qui portent sur la question, on constate que les arguments de nature économique s’opposent à ceux reliés à la santé. Rappelons que c’est pour des raisons économiques que le Québec a harmonisé sa Loi sur le temps légal en novembre 2006.

Que ce soit pour des raisons environnementales, économiques ou de santé, l’état actuel des connaissances ne nous permet pas de démontrer que les avantages reliés à l’abolition du changement d’heure soient suffisamment importants pour compenser les désavantages de le maintenir. D’un point de vue de santé publique, l’état actuel des connaissances scientifiques ne permet donc pas de recommander l’abolition du changement d’heure. »


On donne donc priorité à l’économie sur la santé, ce qui est un argument valable s’il s’appuie sur quelque chose de concret. Mais où sont les études qui montrent les avantages économiques du changement d’heure? Nulle part. La lettre du ministre exprime une opinion basée sur un « état actuel des connaissances » flou et pas très convaincant. Ce qui est moins valable.

8228 personnes ont signé la pétition en mars 2013. Je les remercie, et je remercie aussi tous les autres : ceux qui ont pris deux minutes pour réaliser qu’on pouvait remettre en cause une habitude loin d’être normale. Le but de cette pétition, c’était principalement cela: briser un automatisme et tenter une action, si petite soit-elle.

C’est simple: on arrêtera de changer l’heure quand les États-Unis le décideront pour nous. Ça viendra sans doute un jour. Mais ce que ça dit sur le Québec est un peu gênant…

Bon hiver pareil!

15 octobre 2013

Les thés fabuleux de Taïwan

Taiwan Tea CraftsJ’ai assisté, la semaine dernière, à une conférence fascinante d’un producteur de thé taïwanais. Philip Brook, Québécois d’origine, vit maintenant à Taïwan où il cultive, transforme et vend le thé grâce, entre autres, à son site web Taiwan Tea Crafts. Si vous souhaitez acheter du thé frais aux parfums qui stimulent les papilles, je vous confirme la qualité de ses produits!

Je suis une grande fan des thés taïwanais. J’aime leur diversité, leurs odeurs très fraîches, leurs goûts multiples. Disons qu’une tasse de thé taïwanais, ça ne goûte pas seulement le thé, ça transporte aussi la fleur, la noix, la vanille, le chocolat, le soleil… Bref, ça surprend toujours agréablement!

J’ai aussi un préjugé favorable envers Taïwan. J’ai croisé plusieurs Taïwanaises très sympathiques sur mon chemin, qui se sont empressées de m’expliquer qu’elles n’étaient pas Chinoises et pourquoi… Saviez-vous que la « République de Chine » (le nom officiel de Taïwan) a été fondée en Chine, lorsqu’ils ont réussi à faire tomber la monarchie, au tournant du XXe siècle? Malheureusement pour eux, quelques années plus tard, Mao avait d’autres ambitions pour le pays, et il y a eu plusieurs conflits entre les deux factions, ce qui dégénéra en guerre civile. La « République populaire de Chine » (la Chine communiste de Mao, toujours au pouvoir) gagna la partie. Et les anciens républicains trouvèrent refuge sur l’île de Taïwan en 1949.

Aujourd’hui, la Chine (et la majorité du monde) considèrent que Taïwan fait partie du pays. Deux milles missiles sont pointés sur l’île pour bien s’assurer de sa fidélité. Mais Taïwan se considère indépendante, n’ayant jamais fait partie du groupe communiste de Mao. De facto, elle l’est: le pays est une démocratie depuis 1986, la censure n’est pas pratiquée (les Taïwanais sont les plus connectés à Facebook au monde!), les systèmes économiques et d’éducation sont différents… Même la monnaie n’est pas la même. Aux Olympiques, même si la Chine met de la pression pour que Taïwan soient appelée Chinese Taipei, il reste que d’avoir une délégation distincte est une reconnaissance officieuse. Les Québécois font partie de l’équipe canadienne, tout comme les Catalans de l’équipe espagnole ou les Écossais de l’équipe britannique... Les Taïwanais sont donc plus près d’un statut officiel que le Québec. Mais les tensions sont constantes entre la Chine et Taïwan et très peu de pays (23) reconnaissent officiellement Taïwan.

De Taïwan, je connaissais bien le oolong, particulièrement de hautes montagnes. J’aime ses saveurs de fleurs, l’absence d’amertume. Mais Taïwan produit aussi des thés noirs (fabuleux), du puerh, du thé blanc, du oolong vieilli… Et si le camellia sinensis est la plante à thé la plus connue, avec sa variation indienne le camellia assamica, Taïwan possède un troisième type de plante à thé, confirmé génétiquement en 2009, le camellia formosensis.

Taiwan Tea CraftsLes saveurs d’un thé varient bien sûr d’une année à l’autre, mais également de saisons en saisons. Un thé d’été par exemple n’aura pas le même goût qu’un thé « d’hiver ». Et comme ces appellations font référence au calendrier chinois, les saisons ne sont pas tout à fait aux mêmes dates à Taïwan qu’on le croirait ici! Le début de l’hiver est officiellement à la fin octobre et le début du printemps est facile à retenir: il est marqué par le Nouvel An chinois (fin janvier-début février). Alors qu’on a de la neige par-dessus les oreilles au Québec, on est encore bien loin du « printemps »! :)

Lors de la conférence, on a aussi parlé d’insectes. Pour cultiver le thé, on a longtemps utilisé les pesticides. Avec une population très éduquée qui prend soin de sa santé, les producteurs de thé tentent maintenant d’en limiter l’usage, d’autres s’orientent vers le biologique. Mais il est difficile de cultiver totalement bio quand le voisin utilise les pesticides… On fait aussi usage des insectes… Certains types de thé noir utilisent une technique particulière pour développer un goût de miel: on laisse les pucerons envahir la plante qui se défendra. Et c’est ce changement chimique qui crée le goût recherché…

Une des techniques pour augmenter la production de thé laisse à désirer: on arrose la plante d’un engrais folial, c’est-à-dire que la feuille l’absorbe directement. La plante ne profite donc pas de ce surplus de nutriment, puisque l’engrais arrive par les feuilles et non pas par les racines. Quelques jours plus tard, le producteur recueille les feuilles dont le goût est modifié par l’engrais. C’est avec ces feuilles que sont fabriquées nos poches de thé indien, chinois, taïwanais ou japonais… Ce qui explique la différence de goût (et de qualité).

Une conférence absolument fascinante, qui n’a fait que confirmer mon amour du thé et ma soif de les goûter!

02 octobre 2013

« Le voyage est arrêté »

Au revoir IslandeDepuis vendredi, petit Léo dit : « Le voyage est arrêté. » J’aime bien son choix de mot. Parce qu’un voyage « terminé », c’est un voyage qui est clos. Alors qu’un voyage « arrêté », ça me donne l’image d’une aventure en suspension, au bord du recommencement, en attente. Comme ce film qu’on arrête quelques minutes pour aller se cherche un morceau de chocolat. Ou ce billet de blogue arrêté pour aller préparer un bon thé. :)

Le retour fut difficile, car les compagnies aériennes ne s’entendent pas toujours entre elles, au malheur des clients. « Client » est un bien grand mot, nous devrions sans doute être francs et adopter le mot « marchandise » car les êtres humains à l’intérieur de l’avion ne comptent pas beaucoup plus que les valises.

La durée d’un voyage est très importante. Partir un mois nous a permis d’espacer les moments où l’on redevient des marchandises aériennes, c’est un premier bon point. Ça permet aussi de transformer le voyage en « moment de notre vie », c’est-à-dire qu’on apprend à connaître le quartier, les parcs les plus intéressants, à consacrer des journaux maussades aux tâches ménagères, comme dans toute vie habituelle… On n’a pas à toujours être sur la route, en train de faire une activité hors du commun parce que le temps de nos découvertes est limité. On peut donc choisir, en accord avec la météo, les jours où l’on fera de grandes excursions, ce qui est un avantage dans un pays où la pluie est une habituée.

Et si voyager avec un enfant de deux ans et demi nécessite une plus grande organisation, il faut avouer que notre garçon est un voyageur facile. Il ne dort pas beaucoup, car il préfère regarder et demander ce qui se passe, animé par sa grande curiosité. Mais il trouve quelque chose d’intéressant dans tout, même dans une file d’attente! Ce voyage m’aura aussi permis de constater son intérêt pour les langues. En excursion avec Mikiko, il en a profité pour apprendre quelques mots supplémentaires de japonais…

Oui, le voyage est « arrêté ». Mais l’Islande continue d’emplir mes pensées. Parce que je traite mes photos pour en faire des fonds d'écran, disponibles ici. Parce que je réunis mes nouvelles connaissances pour en faire un livre...

Et j’aimerais bien y retourner, avec un Léo encore plus grand, capable de nous accompagner dans les parcs autour de l’île et de camper avec nous dans les champs de lave. Dans quelques années, peut-être, le voyage se remettra en marche…

Souvenir du voyage: un extrait de notre concert à Reykjav­ík