28 avril 2015

Guillaume Couture raconté par Serge Bouchard

Il y deux ans, Serge Bouchard m'a reçue à son émission Les chemins de travers pour parler du Japon. J'avais adoré cette entrevue parce que discuter avec un homme aussi passionné des autres cultures est toujours enrichissant. Je suis devenue une grande fan. Et je ne suis pas la seule!

À Lévis, le dimanche 26 avril dernier, 250 personnes ont assisté à la conférence de Serge Bouchard, écrivain, animateur et anthropologue, venu parler du premier habitant d’origine européenne à Lévis: Guillaume Couture (1618-1701). Une cinquantaine de personnes ont dû repartir bredouille, car la salle était pleine. Cette large assistance a fait plaisir à Monsieur Bouchard: « Ça fait beaucoup de monde qui vienne entendre parler d’histoire. C’est bouleversant, c’est étonnant, c’est peu commun. L’histoire n’est pas le premier sujet du roulement de nos vies, mais apparemment, vous êtes là, c’est réel. Donc il n’y a pas à se décourager, c’est intéressant de parler de l’histoire! »

Invité pour parler de Guillaume Couture, qui donne maintenant son nom au principal boulevard traversant Lévis, Serge Bouchard s’est montré heureux du changement: « La toponymie, c’est important. Toutes les villes devraient rafraîchir leur mémoire de temps en temps. » Guillaume Couture fait partie de la série des Remarquables oubliés, créée par Serge Bouchard. C’est le deuxième personnage de son livre consacré aux coureurs des bois, Ils ont couru l’Amérique, écrit en collaboration avec Marie-Christine Lévesque: « Guillaume Couture ne fait partie de l’histoire qu’on nous enseigne à l’école. On nous a présenté les missionnaires, ce qui était justifié parce qu’il y en a eu beaucoup. On nous a présenté les aristocrates, beaucoup d’aristocrates! Mais pas beaucoup d’Amérindiens, ni ce genre de personnages qui auront couru, qui auront démarré l’Amérique. C’est beau de voir l’histoire par la vie de ces gens-là. »

Arrivé de Rouen, en 1637, Guillaume Couture est menuisier et charpentier. Rapidement, il quitte Québec pour construire Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, dans la baie Georgienne. Totalement fasciné par la vie des Amérindiens, il les observe et apprend la langue. En 1642, il est fait prisonnier par les Iroquois, torturé, puis adopté. À l’image de ce qui arrivera à Radisson quelques décennies plus tard, Guillaume Couture devient Iroquois sous le nom d’Achirra. En Nouvelle-France, on le croit mort. Quelle surprise de voir Guillaume arriver à la conférence de paix des Trois Rivières en 1645: « Trois chefs se présentent en grande cérémonie avec tout l’apparat. Parce que dans ce temps-là, les signes ostentatoires étaient très appréciés! Un des trois chefs, c’est Guillaume Couture. Il annonce aux Français, en français, qu’il a conseillé aux Iroquois de faire la paix avec eux. »

Cette paix négociée durera un an. Entre temps, Guillaume Couture est le premier à obtenir une concession sur la seigneurie de Lauzon en 1647. Aucun colon d’origine européenne n’osait s’y établir en raison des passages occasionnels des Iroquois. Guillaume Couture est la personne tout indiquée pour y faire sa place: « Tout le monde est étonné, on s’attend toujours à ce qu’il se fasse tuer : les Iroquois vont venir! Oui, ils viennent. Mais ils ne tuent pas Couture... C’est leur ami. Quand les Iroquois visitent, c’est pour prendre le thé chez lui. »

Il se marie avec Anne Aymard en 1649 avec qui il aura dix enfants. Souvent, Guillaume quitte le foyer pour servir d’interprète: « Il chialait tout le temps et il était agréable seulement quand il voyageait. Alors ils vont l’envoyer en exploration. C’était la meilleure façon pour qu’il arrête de chialer à la maison! » Il fera diverses expéditions jusqu’à ses 50 ans. Par la suite, il restera à Lévis où il occupera plusieurs fonctions dans la ville naissante: capitaine de la milice, juge, marchand d’anguilles et de fourrures. Il mourra à 83 ans, ce qui prouve que « la vie rude ne tue pas », comme l’a souligné M. Bouchard.

Lors de sa conférence, Serge Bouchard n’a pas manqué de souligner d’autres personnages tout aussi fascinants, collègues et amis de Guillaume Couture: Nicolas Marsolet, Louis Jolliet, François Bissot. Il a rappelé que le premier tome des Remarquables oubliés est consacré aux femmes, Elles ont fait l’Amérique, soulignant avec aplomb et humour: « Les femmes ont fait l’Amérique pendant que les hommes la couraient, rien d’étonnant là-dedans! » Le troisième tome, prévu l’an prochain, sera entièrement consacré aux Amérindiens et s’intitulera Ils ont perdu l’Amérique.

Par sa conférence dynamique, Serge Bouchard a rendu l’histoire accessible et vivante. Il s’est désolé que les réalisateurs québécois ne parlent pas davantage de ces ancêtres plus grands que nature qui ont été à la base de notre société. Quelle fascinante série télé ferait la vie de Guillaume Couture, qui court de Québec à la baie Georgienne, du lac Mistassini au Labrador pour se terminer à Lévis… À bon entendeur salut!

21 avril 2015

Techno vintage

Ça m’arrive de plus en plus souvent quand je sors mon téléphone intelligent de susciter l’étonnement. « Oh! C’est quelle version? Fantastique! Ça me rappelle des souvenirs! » Un iPhone 3GS que j’étrenne depuis 2010, c’est maintenant une « antiquité » technologique. Et malgré tous les articles sur l’obsolescence programmée, combien d’entre nous se rendent vraiment à la limite du fonctionnement de leurs petites machines?

Il y a un problème quand on garde nos bebelles longtemps: on n’a plus très souvent ce plaisir de présenter nos nouveaux achats à nos amis. Et rapidement (les technologies se succèdent si vite), on devient « techno vintage », suscitant la nostalgie quand on sort notre vieil iPhone arrondi.

Et pourtant, avec tous les problèmes qu’engendre notre surconsommation, n’est-ce pas une attitude à développer? En l’honneur du Jour de la Terre, j’ai voulu me flatter dans le sens du poil et faire fuir ma culpabilité d’appartenir à l’une des populations qui pollue le plus la planète. Et je vous présente quelques-unes de mes machines vintages. C’est à la fois un choix ou tout simplement parce que ça coûte trop cher de changer tous ces appareils.

Je vous invite à embarquer dans le mouvement et à utiliser les mots-clics sur Facebook et Twitter #technovintage et #JourdelaTerre
Bien évidemment, ne nommez pas tout, on ne veut tout de même pas attirer les voleurs vintages.

De mon côté, j’utilise:

- depuis 2010, un iPhone 3GS (tellement cute!)
- depuis 2009, un PC (que je n’ai jamais eu à reformater)
- depuis 2008, un téléviseur ACL 32 pouces (oui, elle affiche encore)
- depuis 2007, une Toyota (elle ne lit même pas les mp3! Full vintage!)

Soyez fiers d’avouer que vous n’êtes pas si cool que ça et que vous possédez des vieilles machines!

Environnementalement vôtre,

Nomadesse