23 décembre 2016

Conte des Fêtes - La clé du sourire

Conte des FêtesUn café fumant à la main, je remarque les montagnes de la rive sud. Le soleil se lève à peine, mais à cause de la tempête à venir, elles semblent plus proches, comme si l’humidité dans l’air créait un effet de loupe. Au-delà du fleuve, dans les monts doucement érodés du sud, je distingue les pistes déjà blanches de la station de plein-air de Saint-Pacôme, quasiment en face de La Malbaie.

J’ai hâte que mon amoureux revienne de son voyage d’affaires demain. Ce sera les Fêtes et on tournera le dos bientôt à cette année de fou où l’actualité nous a assommé de nouvelles toutes plus déprimantes les unes que les autres. Mais quel avenir préparons-nous donc à nos enfants?

Je suis toujours un peu déprimée le matin, alors je suis heureuse d’entendre Aurélie crier: « Maman… Maman! » Je me dirige vers sa chambre sans attendre.

« Allô pitchounette! Tu as bien dormi. Une tempête se prépare. Tu verras peut-être la neige aujourd’hui. »

« Né-je. »

L’image du gris métallique du fleuve me revient en tête, la teinte plus sombre des montagnes, les nuages qui ont masqué le soleil…

« Oui, je crois que tu verras la neige! Tu ne dois plus t’en souvenir. Tu étais tellement petite l’année passée! »

Les gestes matinaux s’enchaînent et, bientôt, nous sommes prêtes à sortir. Je barre la porte en gardant un œil sur les pas hésitants d’Aurélie. Comme je le craignais, elle s’approche trop près des marches et je cours pour éviter la chute.

« Tu as fait peur à maman, petite bonyenne. Il faut faire très attention ici. Danger. »

« Dan-je »

« C’est ça! Danger! Boum! »

« Boum! »

Dans la voiture, elle répète: « Boum! » à tout bout de champ. Je la dépose à la garderie, dernière journée de l’année avant les grandes vacances. Je me rends au travail. La journée s’enchaîne à toute vitesse. Il faut boucler tous les dossiers avant les Fêtes, tout le monde est stressé et je le deviens aussi. Au milieu des contrats d’assurance, je ne remarque pas les flocons qui se mettent à tomber. Ce n’est qu’en sortant de la Caisse que je m’émerveille devant le manteau blanc qui a fait disparaître le gris du début décembre.

Je récupère Aurélie à la garderie et on fait des « Wow! » en pointant les flocons qui tombent. Dans l’auto, elle répète: « Né-je! Né-je! Wooooow! »

On arrive à la maison. Elle est excitée comme une puce en sortant de l’auto. En déposant la petite sur le sol, je réalise que mes poches sont vides. Je m’affole en surveillant Aurélie qui pose ses bottes avec délicatesse dans cette chose inconnue. Non, les clés de la maison ne sont pas dans ma bourse… Je revois la scène du matin… J’ai dû les laisser tomber en courant vers la petite. Mais maintenant, mes clés sont invisibles sous ce tapis blanc. Avec la fatigue de la journée accumulée, je perds ma bonne humeur et je rage en fouillant la neige froide. J’ai perdu mon émerveillement. Maudite neige!

Aurélie s’approche, curieuse.

« Maman, né-je pa-tout. »

« Oui, Aurélie, il y a de la neige partout… Je cherche les clés de la maison. Tu as vu les clés à maman? »

« Lé, lé », répète-t-elle.

Elle se met à quatre pattes et m’imite, tapotant la neige de ses petites mains.

« Arrrr… J’aurais dû les entendre tomber. »

« Lé… Boum! »

« C’est ça, Aurélie, les clés sont tombées. »

Comme ce matin, je la vois courir vers l’escalier et je me relève pour l’arrêter, croyant qu’elle va s’élancer. Mais au bord de la première marche, elle crie: « Maman, maman! Lé dans né-je! Boum! »

Elle a trouvé les clés! Elle est fière. Son sourire est aussi brillant que les flocons qui scintillent dans la lumière des lampadaires.

Je la soulève, apaisée: « Merci ma belle. Maintenant, on va aller se réchauffer et manger une bonne soupe chaude. Rien de mieux après avoir joué dans la neige. »

13 décembre 2016

Je m'emballe

Librairie Vaugeois - Les auteurs s'emballentAprès le lancement, il y a deux craintes pour les auteurs: que le livre reçoive de mauvaises critiques ou bien que sa publication reste complètement inaperçue. Je ne sais pas lequel est le pire, mais les deux font mal, c'est clair. J'ai la chance de vivre un "Noël littéraire", les critiques à propos de mon roman Les Fleurs du Nord sont excellentes. Et j'aime ce qu'elles disent car j'ai l'impression que l'histoire a vraiment été comprise.

Sur les paysages
"Les personnages prennent vie sous nos yeux et on arrive presque à voir les montagnes, les champs et les villes qu’elle décrit."

Sur l'amour et l'image de la femme
"L’amour. Et oui, c’est aussi un roman d’amour. Attention, je ne parle pas d’amour niais, mais plutôt de destinée, de beauté. [...] Les femmes ici ont un réel rôle à jouer et n’hésitent pas à s’affirmer pour être aussi des combattantes et pas uniquement « femme de ». Et cela donne des personnages au caractère fort et que l’on n’a pas envie de quitter."

Sur le besoin de beauté et d'amour
"Il nous montre que malgré les horreurs de la vie, la beauté y refait surface, que l'amour gagne. Même si on sait très bien que ce n'est pas toujours le cas, ce roman m'a fait du bien. J'ai été bercée par l'auteure, par ses parfums de résistance et d'amour."

J'espère que ces personnages et ces paysages rejoignent d'autres lecteurs. Je suis donc emballée et j'en profite pour faire un jeu de mots avec l'événement "Les auteurs s'emballent"! Je serai samedi prochain à la Librairie Vaugeois à Québec (de 11h à 12h et de 13h30 à 15h) pour emballer des cadeaux et jaser avec des lecteurs. Vous êtes tous les bienvenus, au plaisir de vous rencontrer!